Pas de bise pour Abdelkader

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  • #201519
    Iznassen
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    MAROC – 11 juin 2006 – par PAR FOUAD LAROUI
    Il est toujours fascinant d’entendre les Marocains de Hollande raconter leurs tribulations dans leur pays d’origine. Je ne parle pas ici de la première génération qui est née et a grandi dans les montagnes du Rif ou dans les plaines du Souss. Ceux-là n’ont généralement aucun motif d’étonnement. Ils ont tout vu, ont tout subi, ont survécu. Non, je parle ici de la seconde génération, celle qui est allée dans des écoles portant le nom de Rembrandt et qui a grandi dans un plat pays traversé de rivières et de canaux. Cette deuxième génération a un rapport compliqué avec l’Empire chérifien.

    Par exemple, j’ai dîné hier avec mon ami Abelkader Benali. Abdelkader est un écrivain renommé aux Pays-Bas où il a obtenu les plus grands prix littéraires. Inutile de préciser qu’il écrit en néerlandais. Et comment pourrait-il en être autrement ? Ce jeune homme de 31 ans est né dans un petit village du Rif, un hameau plus qu’un village, et il est venu en Hollande encore bébé, dans les bagages de ses parents. Avec ceux-ci, il parle un mélange de tarifit et de néerlandais de base. Avec le reste du monde il communique soit en néerlandais, une langue qu’il maîtrise à la perfection, soit en anglais.

    Abdelkader revient de Casablanca, où il a participé au Salon du livre. Il me raconte ses pérégrinations dans le pays de ses ancêtres. Tout d’abord, il faut que je vous le décrive : Abdelkader est, du point de vue physique, un Marocain à 100 %. À 110 pour cent. Plus Marocain que lui, tu meurs. S’il mettait une djellaba, on lui confierait sans problème les clefs de la mosquée.

    Et le voilà à l’aéroport de Casablanca aux prises avec la force publique. Celle-ci est bien sûr d’une correction infinie : c’est pas grave, mon frère, si tu ne parles pas l’arabe, la langue de ton pays, c’est aberrant mais c’est pas grave, on peut parler en français. Les problèmes commencent quand les pandores et les gabelous s’aperçoivent que le jeune homme marocain à 120 % qui leur fait face ne parle pas non plus la langue de Lyautey. Le makhzen subodore qu’on se paie sa tête. La crise menace. Mais finalement, comme on est au Maroc, tout finit par s’arranger.

    Abdelkader me raconte, en dévorant sa choucroute, qu’il y a deux choses qui l’ont profondément étonné. La première, c’est que les Français et les francisants l’appelaient par son nom et les arabisants par son prénom. Soit c’était « monsieur Benali », soit c’était Abdelkader ou bien Si Abdelkader. Ça ne le dérange pas, il trouve même extrêmement sympathique que des gens qui ne le connaissaient ni d’Ève ni d’Adam l’appellent par son prénom. Mais ce qui l’a fait tiquer, c’est qu’on s’est parfois trompé sur son prénom.

    – Tu comprends, me dit-il, que des gens m’appellent Abdelkader, pourquoi pas, mais il m’est arrivé deux fois, dans les ruelles de Salé et dans la vieille ville de Marrakech, qu’on m’appelle Mohammed. C’est étrange.

    J’ai dû expliquer à Abdelkader qu’il n’y a là rien d’étrange, qu’il est tout à fait usuel d’interpeller quelqu’un dont on ignore le nom de cette façon-là. L’idée est que personne ne peut s’offusquer qu’on lui attribue le prénom du Prophète. Abdelkader m’écoute avec attention. Puis il me dit quelle est la deuxième chose qui l’a étonné, lors de son séjour à Casablanca : les bises.

    Il faut savoir qu’en Hollande les gens ne se font jamais la bise. On ne se serre même pas la main. On se dit « Hi » à bonne distance. Et voilà notre Abdelkader assailli de poutous par des gens qu’il ne connaît que très vaguement. Bonjour, smac-smac ! Bienvenue à Casa, smac-smac ! Tu te souviens de moi, on s’est croisés il y a deux ans ? Smac-smac ! Abdelkader veut bien qu’on l’appelle par son prénom, et même qu’on l’appelle Mohammed, mais qu’on l’embrasse à tout bout de champ, non, ça, ça lui semble étrange.

    De temps en temps, Abdelkader visite le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie. Si jamais vous le croisez, clignez de l’œil, serrez-lui la main, susurrez Hi mais ne l’embrassez pas. Sa marocanité, en voie de dilution dans l’européanité septentrionale, ne va pas jusque-là…

    Souce : jeuneafrique.com

    #213893
    al-mansi
    Membre

    excelent article !!!
    étonnant !! tout ceux qui reviennt au maroc de loin ils découvrent un maroc de plus en plus françisé…même eux ne s’y trouvent plus !!!

    #213894
    Alain
    Membre

    Salut ,

    Et quelle est selon toi la moralité de cette satire ?

    #213895
    Iznassen
    Membre

    @al-mansi wrote:

    excelent article !!!
    étonnant !! tout ceux qui reviennt au maroc de loin ils découvrent un maroc de plus en plus françisé…même eux ne s’y trouvent plus !!!

    Almansi se sentant « arabe » s’est offusqué par la francisation de l’élite et de la bourgeoisie ! Mais il ne s’est pas offusqué de l’arabisation forcée de la grande partie des Marocains ! Ce jeune homme issu de la deuxième génération n’aurait pas eu ce désagrément à la douane si des fonctionnaires de la douane parlaient la langue des Marocains à savoir Tamazight (Berbère). En effet, il connaît la langue Rifaine de ses parents !

    #213896
    Alain
    Membre

    .
    .
    …où l’on voit que chacun n’a pas la même lecture à partir du même sénario

    …. en réalité on ne voit que ce qui rentre dans le champs de notre seule « vision ».

    Et l’individu, ce brave Abdelkader, n’existe pas lui, seuls comptent les « obsessions » de ceux qui le regardent. Pour l’un c’est la francisation (alors qu’il est question des Pays Bas), pour l’autre c’est la cause du tamazight (que l’on apprend courament aux Pays Bas) 😛 😛

    #213897
    Iznassen
    Membre

    @Alain wrote:

    .
    .
    …où l’on voit que chacun n’a pas la même lecture à partir du même sénario

    …. en réalité on ne voit que ce qui rentre dans le champs de notre seule « vision ».

    Et l’individu, ce brave Abdelkader, n’existe pas lui, seuls comptent les « obsessions » de ceux qui le regardent. Pour l’un c’est la francisation (alors qu’il est question des Pays Bas), pour l’autre c’est la cause du tamazight (que l’on apprend courament aux Pays Bas) 😛 😛

    ça n’est pas une obsession pour moi de parler de Tamazight. Je suis tout simplement logique.

    Je connais personnellement des jeunes franco-marocains de la deuxième génaration en France qui ne parlent que deux langues : le Français et Tamazight (Rifain). Ils comprennent que dalle à la « Darija » et encore moins à la langue des moyen-orientaux. Ces jeunes sont souvent malmenés dans les consulats puisque certains fonctionnaires leur reprochent de ne pas parler l’arabe ou plutôt la darija !!! Trouvez-vous cela logique !

    J’étais témoin une fois à un consulat en Allamagne. C’était suréaliste le comportement du fonctionnaire. Curieusement dans la même ville ou se trouve ce consulat, une banque marocaine s’est arrangé de prendre un Rifain qui parle Tamazight pour pouvopir communiquer avec la communauté Marocaine d’Allamagne. Cette communauté est à 90% originaire du Rif et en particulier de Nador.

    Lorsqu’il s’agit de collecter l’argent, on fait un effort !

    #213898
    Alain
    Membre

    .
    .
    Un article à lire, c’est un peu long, mais ça vaut le coup

    http://www.inalco.fr/crb/pages_html/webdoc/arabisation.pdf

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