Préludes aux ‘’péripéties électorales’’
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décembre 3, 2014 à 1:09 #207124DR IDRISSI MY AHMEDParticipant
Préludes aux ‘’péripéties électorales’’
Règlement de comptes à Bourg-Cité ? Soumission, démission ou délation ? Si El Haj Mohamed opte pour une dénonciation policée, plutôt que d’observer un silence continuel, voici son réquisitoire, ses minutes sous forme de reportage chronologique ! C’est une œuvre d’art en guise de procès.
La vie d’un homme, si riche soit-elle d’expériences, grandes ou mineures, n’est utile que s’il communique son état d’âme et ses actions interactives avec son milieu. Elle exulte de panache s’il le veut et s’il sait en parler aux autres et qu’on lui laisse surtout l’occasion d’éclairer autrui. Haj Mohamed accède à cette phase de l’expression de soi en relatant avec brillance son parcours initiatique. Ses péripéties font penser à une série d’épisodes d’une aventure au sein d’un labyrinthe. C’est un récit fait de cris francs et de réserves polies. Il jaillit d’humeurs et de vérités qui s’exhibent comme un défi d’orgueil, dans un monde de légendes et de mystères, où l’homme palliant avec ses peurs n’est que fétu de paille.
Si un dirigeant politique ou un simple citoyen, laisse un vadémécum, une parcelle de sa biographie, c’est le meilleur roman qu’il puisse offrir aux autres. Le meilleur traité de sagesse, s’il parle franchement et s’il n’essaie pas, de par ses écrits de se justifier à ses propres yeux ou de se disculper devant ses lecteurs. Mais dans tous les cas, les écrits sont justifiés et salvateurs, pourvu qu’ils trouvent des lecteurs ! Car, ils sont écrits en bon français.
Ne sortant pas d’une quelconque St Cyr littéraire ni de la cuisse d’un Jupiter es-lettres, l’écrivain par son opuscule prennent une brillante initiative, voire une première ! C’est un bon livre, enfin, pour être clair.
Ce brillant parcours du candidat aux élections, plusieurs fois mêlé aux énigmes des urnes, est un pari. Il est le bras d’honneur d’un entêté, ivre de libertés et de fierté naturelles ! Cet essai littéraire, venant d’un homme qui n’a besoin de rien, est un cadeau au prochain. Il mérite, avant tout jugement préconçu, une bonne lecture. Certes ! Car à travers celle-ci, on découvre une dénonciation ouverte des cadres immédiats qui entourent, entravent, guident ou affrontent les habitants. Un système antique qui fait loi encore et que certains veulent pérenniser pour toujours !
Exercice osé donc, tout le long de ce récit, où corruption et népotismes, erreurs humaines courantes, abus dans l’exercice du pouvoir, jonchent les jours et les pages pour nous rappeler les harka de Driss et ses années de plomb. Personne n’en fut à l’abri et les rares délations, collées aux peurs restaient en suspens et bien peu efficaces pour curer le système de ses prédateurs. Quitte à étouffer l’intrépide personne qui rapporte les cas flagrants ou qui en apporte les preuves devant une justice, elle-même aux ordres ou en manque de guidance.
L’ouvrage se lit comme un roman d’aventure attachant, même s’il ne livre finalement aucune recette pour changer les mœurs des gens et les conduites des cadres. Tant les habitudes qu’il dénonce, sans pleurer, sont communes et tenaces dans le monde. Plus visibles encore sous la loupe grossière des pays en voie de progrès, comme on le constate le long de cette épopée livresque de Haj Mohamed.
Ce mal insidieux, puisqu’il faut l’appeler ainsi, s’appelle l’excès du pouvoir. Et rarement cette puissance locale, ce cénacle de privilégiés, imbus de leur force et/ou d’eux-mêmes, se heurtent à des hommes de valeur. Des impétrants qui ont assez d’orgueil, assez de moyens pour ne pas faire la manche devant ces éminents décideurs. Voire de la hardiesse pour oser de se frotter à eux, impudemment, le temps des élections. Il en va de leur assurance à gérer sans faille leur autorité totale et entière. Car ; sans craintes devant lui, le Makhzen n’existerait pas.
Tractations, obédiences diverses et abdications, zélotes et acolytes, soumissions ou marginalisations, punitions et exclusions, le futur élu slalome à l’aise ou passe son bizutage, sous les fourches caudines des cadres administratifs. Un passage obligé, qui requiert le bon dos et pattes blanches.
Hautes fonctions et responsabilités cruciales qui ne laissent que peu de place aux lauréats qui ont du ‘’ nif ’’. Cet excès de fierté teinté de morgue ou d’orgueil ! Et cette déformation, cette assurance des agents au pouvoir est le propre des autorités locales, dans tous les pays du monde. Que de sbires et de matons, que de petits fonctionnaires et de piètres lois, ont barré la route à des hommes de grande valeur. Des citoyens dotés de personnalité, qu’ils rebutent ou excluent, parce qu‘ils ne leurs sont pas soumis. Ou parce qu’ils n’ont pas le profil admis, d’une manière ou d’une autre et ce dès le départ. Aucun capitaine de vaisseau, aussi petit soit-il, ne voudrait d’un second qui ait du caractère. C’est une sentence pragmatique et proverbiale.
Timidité et pudeurs, intelligentzia, aristocratie terrienne ou bourgeoisie financière, que d’atouts ne faut-il avoir et exciper avant de cueillir les lauriers de cette gloire, cet adoubement près les puissances du temps et de l’intérieur. L’adoubement des autorités, plus que celui des Partis, qui ont eux aussi ont leurs conditions d’entrée à ces hautes sphères est un parcours de combattant. Un champ de Mars, dont il ignore les distances, les reliefs les failles et les pièges. Un parcours local qui relève aussi bien des domaines de la psychosociologie et de l’anthropologie que celui de la politique ou des manœuvres électorales. Finalement le livre creuse la question : faut-il au citoyen ‘’normal’’ oser de se présenter aux élections et représentations diverses ou se tenir à carreau et bien coi ?!
Le nombre des électeurs apeurés ou déçus, qui se refusent de voter, devient un baromètre essentiel. Le livre mérite une analyse, non pas celle des lettrés, mais celle des électeurs ! C’est une sorte de bréviaire qui peut édifier d’éventuels candidats, comme de servir aux électeurs. Seulement, il y aura le problème de la traduction qui s’imposera. Comment garder cette truculence du texte, cette dynamique de l’action et ce style enflammé ? Comment expliquer et traduire cette vivacité d’esprit, ces mots percutants qui font la richesse de ce livre qui tient du pamphlet ?
Est-ce une dénonciation libératoire des vieilles habitudes féodales du Makhzen ? Des mœurs caïdales fossiles, qui callaient encore certaines régions du pays et leurs habitués, dans les arcanes pétreuses du passé ?
Né agriculteur, ce militant va à sa retraite devenir romancier ! Optant ainsi pour un autre genre de cultures. Celles de l’intellect, celles de la vie. Il va nous donner les clichés successifs ? Le film de son trajet in vivo.
Le voici donc dans les allées labyrinthiques des électeurs qu’il doit motiver. Ceux-ci sont littéralement perdus entre une trentaine de Partis politiques. Il lui faudra lequel choisir dans ces dessins de bazar pour analphabète, pour quel symbole opter et avec quel pari et quelles espérances. Car les slogans trompent à la longue. Les anciens représentants, ancrés dans le pouvoir, ne permettent à quiconque de les supplanter ou de parvenir à ces commandes. Là, où ils ont leurs amis et leurs protecteurs.
L’atmosphère générale, sans mystifications ni énigmes, est empreinte de mystères, de manœuvriers et de déception. Les certitudes fallacieuses foisonnent. Les tergiversations et les parachutages expliquent les dépits et les démissions. La citoyenneté se perd et les gens dépolitisés, se terrent en bouclant leurs voix. La démocratie s’enkyste, avec un abcès torpide en son sein, dans l’attente de médicaments.
Si les anciens notables, les élus palpitent de peur et d’impatience, les candidats sont démotivés pour la plupart, alors que les électeurs, outrés, déménagent ! Des remises en question et des lassitudes font que les fidélités se délitent et rendent les Partis politiques perclus dans des programmes copiés-collés, eu références aux mêmes valeurs unitaires et identitaires communes que de fait et par conviction et sagesse, ils partagent. Lesquelles valeurs identitaires, sont incarnées dans le génome politique et la foi et qui ne changeront jamais chez ce peuple ouvert, à fois multiple et si divers.
Certains groupements connaissent des fissures et des scissions. Machiavel exulte à en perdre son latin. Ce qui n’arrange pas les décisions ni les choix des électeurs dans ce souk de ladite démocratie, qu’ils mettent à l’épreuve. Partout des voix s’achètent et se vendent. Les urnes racontent le contraire de ce qu’elles ont dans le ventre. Preuve à l’appui, Haj Mohamed ira invoquer la justice et affronter autorités et tribunal. Un clash !
Aisé de par son labeur, l’acteur politique devient observateur de son propre cursus. Un itinéraire qui en fait un écrivain ! L’essayiste est doué, dopé qu’il est par le verbe ! La verve explose en explorant une phase du destin.
Un artefact chez cet homme ouvert et fier, qui fâché un jour par l’un de ses amis politiciens, va se porter candidat aux mêmes élections. Voilà qu’un mot, une réaction de son ami force son humeur et crée une faille spatiotemporelle ou presque, une porte ouverte, dans son itinéraire qui va changer ! Le pari est de se libérer d’un incident banal, par orgueil. Celui né d’une incompréhension par un ami.
Cette crise de fierté, grossie, va devenir le starter et le moteur, véhiculant l’agriculteur de métier, sur un chemin inattendu, guère programmé chez lui. Le hasard interfère ou dessine l’avenir. Le hasard devient destin. A vous lecteurs de voir à travers les péripéties de cet itinéraire, le jeu des humeurs et du caractère ! Celui de la mystique et de la philosophie dans nos lois, nos gens et notre culture politique.
Kénitra, le 03 Décembre 2014
DR IDRISSI MY AHMED
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