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15 réponses de 2,206 à 2,220 (sur un total de 2,767)
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  • #202025

    Sujet: Oujda: Bilan 2006

    dans le forum Oujda
    fadi
    Membre

    Une semaine et c’est fini 2006 ..
    Occasion de se poser pas mal de questions:

    Qu’est ce qui a changé à Oujda pendant cet année ??

    Quel sont les projets qui ont vu le jours ??

    Quel été l’événement le plus marquant de la ville ??

    Que 2007 soit meilleure !! 😉

    #219885

    En réponse à : Evolution et créationisme

    Alain
    Membre

    Je suis toujours admiratif sur la cohabitation des attitudes contradictoires chez un même individu.

    Se baser sur une certitude religieuse pour démontrer la cohérence religieuse pose cependant une question méthodologique assez grave.

    On pose un théorème que l’on prend comme indiscutable et ensuite on développe un cheminement à partir de ce même théorème.

    En voilà un bel exemple.

    Les vérités en matière de religion sont des vérités divines et il n’y a rien qui puisse justifier leur remise en cause car, si cela deviendrait un mal nécessaire, eh bien cette remise en cause ne saurait épargner le Créateur.

    Si dieu existe, alors je peux prouver son existence par ses propres déclarations.

    Pourquoi ne pas aller jusqu’à citer un verset du coran pour prouver l’existence du coran ?

    C’est tout l’art de parler pour ne rien dire.

    Mais rassures toi, ce n’est pas une exclusivité musulmane, ces méthodes sont bien partagées par toutes les religions monothéistes.

    Le caractère immuable dont tu te fais le chantre est bien la marque de l’immobilisme qui fige les civilisations à une période donnée et qui ne peuvent plus ensuite sortir de ce carcan.

    Comment les sciences peuvent évoluer, se perfectionner si d’emblée un dogme vient définitivement les boquer.

    Parce qu’au fond le seul et véritable problème est bien de savoir comment et pourquoi les civilisations meurent, et l’on voit bien que très souvent, elles meurent de leurs propres incapacités à l’EVOLUTION.

    #219884

    En réponse à : Evolution et créationisme

    Didil44
    Membre

    Monsieur Alain,
    L’essentiel sinon la totalité de votre intitulé “CREATIONNISME ET EVOLUTION” vient directement du lien hypertexte : http://atheisme.free.fr/Religion/Creationnisme_scientifique.htm.
    Ayant déjà visité ce lien par le passé, j’avoue que je n’ai rien pu trouver de consistant qui puisse assouvir en rab ma curiosité scientifique ni perturber ma conscience de musulman dont la croyance et la rigueur scientifique trouvent leur prolongement dans la quiddité de ce grand homme qu’est Algazel. Aussi vais-je passé là-dessus volontairement et tant pis de ce que pensera Monsieur Guillaume Lecointre et son Département « Systématique et évolution »
    Vous avez dit que la science est par définition faite du doute et de la remise en question permanente. C’est bien cela Monsieur Alain ?? Eh bien quoi de plus normal vous réponds-je ; puisque toutes les étapes parcourues par le génie humain pour accéder à la CONNAISSANCE gorgeaient de doute et de remise en cause. A s’en fier à cette maxime de Matisse, l’exactitude n’est pas la vérité, j’avoue que vous m’envoyez désolé . Pardi oui. Comme la plus part des sciences ne sont pas exactes, je déplorerai du fond du cœur ces esprits loufoques qui associent la vérité à la science. Il y’a des vérités scientifiques certes, mais noyées dans la versatilité, elles relèvent plus de la fantasmagorie que de la réalité.
    Eh oui Monsieur Alain. La science a nié aujourd’hui ce qu’elle a prouvé hier, qui pourrait me garantir qu’elle ne va pas nier demain ce qu’elle a prouvé aujourd’hui ??
    Vous avez dit aussi qu’il n’y a que les religions qui donnent des vérités définitives sans jamais les remettre en question en se basant sur des connaissances vieilles de plusieurs siècles. C’est bien cela mon ami ??
    Les vérités en matière de religion sont des vérités divines et il n’y a rien qui puisse justifier leur remise en cause car, si cela deviendrait un mal nécessaire, eh bien cette remise en cause ne saurait épargner le Créateur. Chose qui mettra mutatis mutandis en flagrant paradoxe la créature par rapport à son créateur. Et puis la VERITE par définition quelque chose d’immuable, indépendant du temps et de l’espace. Le prédicat “7 est la racine carré de 49 ” était vrai depuis que le monde est monde et il le sera tant que le monde restera monde, et ce, indépendamment de la terre et des cieux. Et si vous tenez mordicus à votre prédicat, à savoir le campement de la religion sur des connaissances anciennes, la rigueur scientifique vous oblige à reprocher la même chose à la science qui puise de nos jours son énergie sur des connaissances plus vielles que le soleil.
    Que voulez-vous prouver par les ossements de Neanderta ? Qu’ils sont plus vieux que le monde ? Plus vieux qu’Allah peut-être ? Qu’ y’a t-il dans ces ossements qui puisse mettre l’Islam à rude épreuve ? Absolument rien mon cher et si vous avez quelque chose dans votre bréviaire, étalez-le, aujourd’hui avant demain……
    N’allez surtout pas croire que je suis un farouche partisan du concordisme de toute nature qu’il soit. Bien au contraire. La science et la religion sont diagonalement opposées mais, si curieux que cela puisse paraître de visu, se rejoignent. La première puise son énergie sur le cerveau humain et ses effecteurs que sont les organes de sens, tandis que la deuxième, quant à elle, puise ses ressources de l’Esprit qui est pour le cerveau ce qu’est l’âme pour le corps.
    Reste à vous transmettre une conviction personnelle : l’Islam est une religion où la science et les savants ont toute leur place. Si votre temps vous le permet, lisez “L’INCOHERENCE DES PHILOSOPHES” d’Algazel et vous changerez peut-être d’avis.

    #219881

    En réponse à : Evolution et créationisme

    Alain
    Membre

    @Alaa-eddine wrote:

    seulement la verité pour moi n’est pas quelque chose d’absolu .

    il y’a la vérité scientifique et il y’a la vérité religieuse

    La science par définition est faite du doute et de la remise en question permanente.

    Il n’y a que les religions qui donnent des vérités définitives sans jamais les remettre en question en se basant sur des connaissances vieilles de plusieurs siècles

    #202016

    Sujet: Les Ouzbeks

    dans le forum Débats
    Alain
    Membre

    Un journaliste se rend en Ouzbékistan pour y faire quelques reportages pour son journal. Dans un village reculé, il rencontre un vieillard et lui demande: « Vous pouvez me raconter le souvenir le plus mémorable de votre vie ? »

    Le vieil homme sourit et commence son histoire:
    « C’est un jour, il y a très longtemps, ma chèvre s’était égarée dans la montagne. Comme c’est la tradition, tous les hommes du village s’étaient réunis pour boire de la vodka et partir à la recherche de la chèvre.

    Il poursuit: « Quand on l’a finalement retrouvée au petit matin, on a encore bu de la vodka et, comme c’est la tradition, tous les hommes du village se sont tapés la chèvre un par un. Qu’est ce qu’on a pu rigoler ! »

    Le journaliste se dit que cette histoire est difficilement publiable et demande au vieil homme de lui en conter une autre, peut-être un peu moins grossière.

    Le vieil homme sourit et dit: « Un jour, la femme de mon voisin s’est perdue dans la montagne. Comme c’est la tradition, tous les hommes du village se sont réunis pour boire de la vodka et partir à la recherche de la femme en question. Comme c’est la tradition, quand on l’a finalement retrouvée, tous les hommes du village se sont tapés la femme du voisin. On s’est bien amusé ! »

    Le journaliste n’est pas encore convaincu et interroge le vieil homme: « Vous n’auriez pas une histoire plus triste ? »

    Le vieil homme prend un air sombre et commence:
    « Un jour, je me suis perdu dans la montagne… »

    #219978
    dahlia
    Membre

    دل الوطني وهذا أمر منطقي لغياب حي صناعي حقيقي بمدينة وجدة وغياب الاستثمار في الجانب الصناعي وإبعاد المدينة من المخططات الوطنية للسياحة مما يجعل المدينة في هامش الاستراتيجية المستقلبية للتنمية الحقيقية للوطن

    [/quote]

    Merci monsieur kadiri pour le sujet .

    j’interviens pour parler des programmes de developpement touristique …..

    je voudrais juste corriger l’ information et dire que notre region va beneficier exclusivement d’un plan de developpement regional touristique ,comme celui du grand casablanca et de fes qui sont venus corriger des destinations qui connaissent deja des pratiques touristiques antrieure (contrairement a nous)..
    ces programes veulent developper un tourisme daffaire a casa et un tourisme culturelle a fes….la cible est BIEN DEFINI (et nous alors)???

    pour ce qui est d oujda….une etude a deja été entammé…et je dis bien une etude …c est a dire tout un diagnostic qu il faudrait elaboer et faire pour mettre en route ces programmes touristiques intégré….
    mais le problemr qui se pose maintenant c’est que pour proceder a un travail comme celui ci la region manque de ressources humaines qualifiés et de specialistes dans le domaine ,ce qui freine un peu le cours des choses, sans parler d’une autre limite qui est celle de la definition des roles de chaque intervenant etatique dans la region …qui fait quoi ??

    a qui doit etre confié ce travail de prospection et de mise en place d’un programme touristique `??

    il faut parler des autres entraves tels que l insuffisance du budget alloué a ce secteur dans notre region d’autant plus que nous n avions jamais connu de relles pratiques touristiques …la question se pose …. ➡

    pour ce qui est de la zone industrielle elle doit en parallele a ce qui se fait au niveau de l amenagement de la ville ,et du secteur touristique sur lekel on base notre economie regionale aussi bien que nationale ,elle devrait connaitre a son tour un programme de developpement regionale industriel ce qu on apelle les PDRI …d’autres regions en connaissent ….il est ultime d adopter un PDRI dans notre region ,si on veut vraiment etre optimiste pour son avenir…….

    pour ce qui est du chomage ..j a joute qu il faut tout d abord revoir les plans de formations des instituts ,des ecoles etc…,ne pas tout melanger et ne pas trop parler parcequ il va falloir se mettre serieusment a penser (meme si c est un peu tard) a un des plans de formations adequat avec les perspectives de developpement de notre region ,relever les secteur clés et former des gens pour ces meme secteurs…

    les entreprises et les firmes nationales et -ou internationale que pourrait drainer la station balneaire de saidia exigerait une main d oeuvre ou du personnel qualifié, ce qui n est pas du tout le cas, et c’est ce qui menace d’integrer des personnes venus d’ailleurs et accentuer le chomage de nos jeunes dans la region…ceci est un bref apercu jespere ne pas avoir devié du sujet .. ➡

    #211007
    saidi
    Membre

    Monsieur le professeur ALAIN bonjour,

    Je n’ai malheureusement pas le temps de vous répondre comme j’aurais bien voulu le faire, celà ne veut pas dire que je ne réponds à votre dernier post qui ne contient aucun, je dis bien aucun élément de réponse aux questions que je vous avais soumises, tout ce que j’ai appris, c’est que vous êtes professeur de sociologie, tout ce que j’ai cité dans mon dernier post est passé inaperçu! c’est curieux diront pas mal d’étudiants dans l’auditoire! des professeurs de sociologie, Monsieur, on en a vu et entendus, il ya ceux qui emplissent les auditoirs au point de s’assoir par terre pour les écouter, il en a d’autres, qui, lorsqu’ils arrivent dans l’auditoire sont etonné de se trouver devant quelques trouillards qui croient que le fait d’être repéré par le prof. ça fait l’affaire à la fin du cursus! Cette ère, là, Monsieur le professeur est depassée, comme vous le dites vous même tout en vous contredisant souvent dans vos leçons! comment voulez vous qu’un étudiant vous prenne comme exemple lorsque vous mêmes vous n’êtes pas convaincus dans ce que vous dispensez!. Ceci, je l’ai malheureusement remarqué moi même ici, au travers de ce site(je vous ai lu et j’ai relevé pas mal de contradictions dans ce que vous dites). C’est à mon avis et des souvenirs que j’ai gardé de mes professeurs, la meilleure manière de se discréditer. Par exemple, je trouvais indigne la façon avec laquelle un professeur répond à un internaute au travers d’un site , ce qui est votre cas, permettez moi par respect que je vous dois de ne pas citer toutes les insalubrités que vous avez sorti sur ce site . Le fait d’être interpellé d’une manière inconcevable, ne vous permet pas monsieur le professeur de vous laisser pieger et aller dans ce sens là, vous êtes professeur d’abord, vous avez affaire à toute une catégorie de gens et vous devez surtout, surtout garder votre sang froid, essayer de rectifier le tir et essayer surtout de convaincre ceux qui vous paraissent égarés , mais avec la doigté, la finesse, l’la pédagogie que vous êtes censé posséder et maitriser! hélas, après vous avoir lu à plusieurs reprises, je me suis rendu compte que, vous n’étiez pas parmis les professeurs de sociologie que j’ai eu la chance d’avoir eu dans ma jeunesse et desquels je garde un souvenir imperissable et voir même qui font de moi aujourd’hui ce que je suis et comment je pense!. Ceci était en guise d’introduction, pour ce qui est de la fameuse étude de sexologie que vous avez cité, je suis sûr monsieur le professeur que vous ne l’avez pas lue, vous vous êtes certainement contenté de lire ce que cette dame a écrit dans son papier pour vendre sa marchandise aux assoifés de ce genre de choses qui d’ailleurs, je profites au passage de vous le dire, monsieur le Professeur, ces choses là ne sont pas la première priorité des marocains dans leur ensemble, même s’il existe je le conçois quelques brebis galeuses qui se précipitent vers les jiosques pour les étaler sur leur table de salon pcq ça fait chic, celà, Monsieur, nous le savons tous, tous les marocains et marocaines vous diront où il faut aller trouver ce genre de lecture, mais ce n’est pas celà le maroc profond comme vous nous avez appris à dire « la France profonde »

    Le problème du Maroc, Monsieur le Professeur en sociologie n’est pas là où vous croyez, détrompez vous, et arrêtez de détourner l’attention des gens, le problème du maroc, vous le vivez quotidiennement en france, donc, il ne faut même pas aller au Maroc pour faire je ne sais quelle étude bidon comme n’importe quel personne plus ou moin proches de la Médecine pourra vous le dire! « il ya un proverbe que je vais essayer de vous traduire: Il ya un marocain qui rencontre une femme mendiante, toute nue ou du moins avec des vêtements qui sont à la limite de la nudite, le brave homme dit à la mendiente: qu’est ce qu’il te faut et qui te ferait plaisir: elle répond: je veux une bague en or et des boucles d’oreilles », ALORS MONSIEUR LE PROFESSEUR ET JE LE DIS A TOUS LES INTERNAUTES EXCITES/ la sexologie! le sida oui! mais il ya d’autres priorités;

    Pour votre gouverne Monsieur le professeur de sociologie, il ya quelques années, on a organisé en france une journée SIDA STYLE TELETON, sur une des châines de TV QUI organisait la soirée, avaient fait défiler sur le plateau toutes les grandes stars du monde et de tous les domaines. Je me souviens de cette émission, elle a fait un tabac comme ils disent dans leur jargon, parmis ces grandes stars mondialement connues, les organisateurs avait cru bien faire d’inviter aussi un gynécologue ivoirien, il lui ont donné le micro et lui a t on demandé de ce qu’il pensait du ravage du sida: Sa réponse était tellement éloquante que les milliers de personnes qui se trouvaient dans la salle sans parler des telespectateurs comme moi, au lieu d’applaudir, se sont senti genés, se sont regardés, les uns les autres!! l’animateur ayant la présence d’esprit de se précipiter pour détourner l’intervention de ce gynécologue ivoirien et permettre à la terre de continuer de tourner!! Je n’ai pas ce document, mais si quelqu’un veut pousser les études sociologiques, je suis sûr, qu’il retrouvera ce document, quand il écoutera ce que ce jeune gynécologue ivoirien a dit du sida, je suis sûr qu’ils passeront pas mal de nuits à réfléchir.

    Ceci pour vous dire que je n’ai pas le temps et que je devais m’absenter une quinzaine de jours, croyez moi, Chèr Monsieur le Professeur ALAIN, dès mon retour, je feraisle tour du site et si necessaire, je serais à vous. N’oubliez pas que vous n’avez répondu à aucune de mes questions de mon post précédent, mes salutations respectueuses, saidi

    #201995
    Alain
    Membre

    Le Parquet de Rabat a convoqué trois membres du Conseil régional de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër en relation avec les élections de jeudi dernier. Parmi ces derniers, figure un élu PJD de Témara. Les élections du bureau ont été reportées.

    Le « syndrome du 8 septembre » semble s’être saisi des élections du Conseil régional de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. De sources fiables, ALM a appris que le Parquet de Rabat, saisi par le wali de cette région, Hassan Amrani, a convoqué, mercredi dernier, trois membres de ce conseil pour les interroger en relation avec les élections de jeudi dernier et qui ont confirmé Abdelkébir Berkia à son poste de président pour un nouveau mandat de trois ans.

    Les mêmes sources affirment que les trois personnes en question, tous élus à Témara, sont le PJD Abdelaziz Bennis, le FFD Mohamed Fadli et Mehdi Tanji (Al Ahd). Les deux premiers auraient usé de moyens illégaux pour permettre au troisième de se faire élire deuxième vice-président du Conseil de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër.

    #201990

    Sujet: Evolution et créationisme

    dans le forum Débats
    Alain
    Membre

    D’où venons-nous ? D’où vient l’univers que nous habitons ? A ces questions aussi légitimes que lancinantes, les Hommes ont d’abord forgé des réponses dans des mythes fondés sur l’introspection, les intuitions, la révélation. Leur réussite ne fut pas sans rapport avec la mise en place de pouvoirs politiques fondés sur le contrôle étroit des esprits. Au cours des siècles s’est forgée une autre approche de la connaissance du monde, fondée sur l’analyse rationnelle et la possibilité d’un dialogue organisé par la reproduction d’expériences décisives. Ces expériences manipulaient des objets réels pour interroger le monde. Cette action sur le monde réel et la déduction de conclusions vérifiables, contrôlables, fondèrent alors l’assentiment non pas sur la foi en un dogme mais au contraire sur le scepticisme, le test, la vérification. A cet égard, l’émergence de la science apparaît comme une émancipation de l’intellect, une liberté supplémentaire, un gain de civilisation. Les vérités sur les origines de notre monde n’allaient plus s’affronter sous forme de guerres de religions, mais sous la forme d’expériences et de contre-expériences ingénieuses. C’est pour cela que le créationnisme dit scientifique est, en lui-même, véritablement contradictoire : il est la volonté de fonder scientifiquement les récits de textes sacrés. Comme la construction d’un mythe n’a rien à voir avec la construction d’une affirmation scientifique, les énoncés produits par l’un et par l’autre n’ont que très peu de chances de se recouper. Mais il y a pire : il y a incompatibilité constitutive entre l’un et l’autre, tout d’abord parce que le scepticisme exigé par la science est insupportable au sacré.

    Dans le monde occidental, le créationnisme le plus puissant et le mieux organisé est certainement celui des fondamentalistes protestants, qui cherche les preuves scientifiques de l’intégralité des affirmations de La Genèse de la Bible. Littéralement, la Bible ne parle pas d’évolution des espèces mais de création. En prenant le texte non pas comme une métaphore mais au pied de la lettre, les créationnistes s’orientent à coup sûr vers un conflit avec ce que dit la science d’aujourd’hui du déroulement historique et des modalités de la formation de notre univers, de notre planète et de la vie qui s’y développe.

    Ce conflit est à deux étages :
    D’abord, un conflit factuel : les faits tels que les racontent les créationnistes (toutes les espèces sont le fruit d’une création divine, la terre a 6000 ans) ne concordent pas avec ceux produits par la science d’aujourd’hui (la diversité des espèces est le fruit d’un développement généalogique passé au cours duquel elles se sont transformées, et la terre a 4,5 milliards d’années). Ensuite il faut traiter d’un conflit beaucoup plus profond : comment les créationnistes prétendent-ils prouver scientifiquement ce qu’ils avancent ?

    Là est le cœur de l’affaire
    Pour y voir clair, il faut donc définir la connaissance objective, rappeler comment les scientifiques l’acquièrent, éclairer les structures de la preuve.
    Ensuite, et seulement ensuite, on peut comprendre pourquoi les constructions créationnistes sont des fraudes scientifiques, pourquoi «créationnisme scientifique» sont deux mots antagonistes.
    Ensuite, il faut avoir conscience qu’il existe autour du créationnisme strict une sorte de périphérie providentialiste.
    Des mouvements tout aussi revendicatifs promeuvent l’idée qu’il y a bien eu évolution, mais que cette évolution est le fruit d’une volonté transcendante. Ces mouvements ne sont pas anti-évolutionnistes ; mais ils sont à coup sûr anti-darwiniens. Ils veulent l’histoire d’un monde où l’homme a été désiré, voire programmé par un créateur. L’idée de contingence historique et de sélection naturelle leur est insupportable. Le matérialisme inhérent à l’histoire naturelle de tous les êtres vivants, de l’homme et de ses sociétés contenu dans le darwinisme, et qui n’est rien d’autre que le matérialisme inhérent à toute approche scientifique du monde réel, est également récusé. Dans ces mouvements, qui correspondent en France à l’Université Interdisciplinaire de Paris, et aux Etats-Unis au mouvement du «dessein intelligent» (Intelligent Design), on trouve toute une gamme d’options personnelles des acteurs, qui va d’un créationnisme strict où le passage d’une espèce à l’autre est récusé, à un teilhardisme où Dieu est à l’origine de tout (évolution comprise) et l’évolution orientée vers un dessein providentiel.
    Ces mouvements produisent des sites sur la toile où l’on encourage les élèves à poser certaines questions aux enseignants de biologie. Je garantis que même en France, des élèves de Terminale, curieux et motivés par ces questions, s’interrogent sincèrement sur ces sites. Pour aider les enseignants, on montrera en quoi ces questions sont fallacieuses. Puis on réfutera certaines objections courantes émises par les fondamentalistes anglo-saxons à l’encontre de la théorie de l’évolution.

    COMMENT ACQUIERT-ON NOTRE CONNAISSANCE DU MONDE ?


    La science est l’ensemble des opérations produisant de la connaissance objective. Une affirmation sur le monde peut être qualifiée d’objective si elle a été vérifiée par un observateur indépendant. Cette vérification dépend de trois facteurs :

    Le scepticisme. La question et/ou le doute est le moteur qui va initier la mise en place d’une expérience. On n’ira pas vérifier ce dont on est intimement persuadé. Sans scepticisme initial, des expériences produites pour vérifier un dogme religieux ou une option spirituelle seraient déjà des perversions de la science. La science en tant qu’institution est un vaste scepticisme organisé.

    La rationalité et la logique. Les fautes de logique sont fatales dans la vie courante comme en sciences. Il ne relève pas du problème présent de traiter de l’universalité des opérateurs logiques. Constatons pour le moment qu’ils sont indépendants de la culture.

    Le matérialisme méthodologique. Le rapport au réel, c’est-à-dire l’expérience sur le réel qui va mettre les faits en évidence, repose sur le postulat que tout phénomène physique et psychique peut être interprété exclusivement en termes de matière. On peut prendre ici le mot matière comme s’opposant à l’Esprit, entité immatérielle par définition. Se superposent à ces définitions depuis l’antiquité grecque, le spiritualisme (qui a recours à l’Esprit) s’opposant au matérialisme (qui a recours exclusivement à la matière). Ce postulat fonde la reproductibilité des observations et des expériences. Le matérialisme est la condition méthodologique des sciences. Hors du matérialisme, l’expérience produite ne peut être qualifiée de scientifique.

    Ces trois piliers assurent l’objectivité d’un résultat scientifique. Evacuons tout de suite une confusion courante entre subjectivité et arbitraire. Toute production scientifique est un acte de création, la création d’une assertion contrôlable par autrui. Tout acte de création est arbitraire, un arbitraire qui s’inscrit dans un contexte historique, social et scientifique bien précis. On peut réellement parler d’objectivité d’un acte arbitraire dès lors que cet acte est transparent, c’est-à-dire rendu explicite et justifié dans la publication destinée à le faire connaître. En d’autres termes, dans tout article relatant le résultat d’une recherche scientifique, il faut que toute la procédure soit justifiée et formulée de façon à pouvoir être reproduite par autrui.

    Il ne faut pas confondre objectivité de la procédure et l’objectivité du résultat. L’objectivité de la procédure se décline à son tour selon plusieurs motifs. L’objectivité de la question posée et des hypothèses à tester tient au scepticisme et à son explicitation. Tout protocole scientifique travaille sur une petite partie du monde réel. Il faut donc opérer un échantillonnage. L’objectivité de la phase d’échantillonnage tient à sa transparence et à sa justification. L’objectivité du protocole expérimental tient à sa rigueur et à sa transparence. L’objectivité de la déduction tient à l’exercice de la logique et au scepticisme permanent. L’objectivité du résultat de l’expérience est acquise lorsque autrui l’aura vérifié. Une connaissance objective n’acquiert pas ce statut immédiatement. Il lui faut un peu de temps après sa première production pour que des vérifications remportent l’assentiment d’observateurs indépendants.

    Il existe une certaine naïveté scientifique à croire qu’il existerait des faits sans théorie. A force d’ignorer comment on fabrique la connaissance, celle-ci finit par émaner en quelque sorte d’une transcendance, ou bien des objets eux-mêmes.
    Un jour, un collègue présenta devant un parterre d’écoliers un fossile récemment découvert, et nomma l’objet. Un écolier demanda : « comment avez vous découvert qu’il s’appelait comme cela ? ».
    Nombre de scientifiques pensent encore que l’on peut définir des disciplines scientifiques par rapport aux objets qu’elles étudient (par exemple, l’entomologie est la science qui étudie les insectes), comme si ces objets étaient porteurs en eux mêmes de leur signification et déterminaient l’aptitude des scientifiques à se comprendre entre eux. Cette vision ignore que ce qui fait que les scientifiques se comprennent entre eux, c’est avant tout la façon dont ils prouvent, et non pas les choses qu’ils regardent. Cette vision implique que le fait, n’importe quel fait, s’exprimerait de lui même. Le fait scientifique, ça se fabrique. Il n’y a pas de faits possibles sans théorie autour, et sans une certaine mécanique de la preuve. C’est banal, mais c’est très important. Une dent humaine fossilisée dans un terrain inhabituel est un fait extraordinaire si l’on a en tête toute l’anatomie comparée des dents et la stratigraphie. Sinon ça n’est qu’un vulgaire caillou (attention, cela ne veut pas dire que la connaissance objective n’a pas de portée universelle… nous y reviendrons).
    Les faits assurent la cohérence d’une théorie tandis que la théorie investit l’appréhension du fait. Faits et théories se construisent ensemble. Charles Otis Whitman écrivit qu’ «une théorie sans faits est une fantaisie, mais des faits sans théorie ne sont que chaos». Malheureusement, dans la bouche du public et surtout celles des créationnistes, le mot «théorie» est souvent péjoratif, assimilé à un délire, car seul le fait serait noble. Par conséquent, tout manipulateur habile a recours aux seuls «faits». Le mot est d’autant plus martelé que l’on veut vous empêcher d’identifier toute la construction théorique ou la représentation du monde qu’il y a derrière.

    QUELLES SONT LES MANIERES D’ETABLIR LA PREUVE ?



    La preuve est convaincante si les propriétés exposées ci-dessus sont respectées. Cependant, on ne peut pas comprendre les sciences de l’évolution si l’on n’a pas conscience qu’elles renferment différents régimes de preuve. Pour faire court, nous les nommerons ici « preuve historique » et « preuve expérimentale ».

    La preuve historique
    La preuve historique consiste à observer des faits actuels, les mettre en cohérence, en déduire les conditions du passé à l’origine de ces faits. Dans cet exercice de rétrodiction, c’est la cohérence maximale des faits qui garantit la pertinence de la conclusion et le pouvoir explicatif de la théorie. La cohérence d’une théorie est mesurée à l’aide de formules mathématiques simples. Parmi plusieurs théories possibles, on choisit celle dont la valeur de cohérence est maximale.

    Les observations de départ étant reproductibles, la preuve historique est donc reproductible par autrui, par conséquent elle produit de la connaissance objective. Par exemple, en sciences de l’évolution, les chercheurs construisent des phylogénies, c’est-à-dire construisent des arbres qui traduisent les degrés d’apparentement relatifs entre des êtres vivants. Ces degrés d’apparentement ne sont pas construits à l’aide de machine à remonter le temps, ni sur la base de registres d’état civil. Ces arbres résultent d’un exercice de reconstitution à partir d’observations à expliquer. Ces observations sont les répartitions des attributs des êtres vivants.Si nous avons cinquante espèces animales devant les yeux, nous sommes immédiatement capables d’observer leurs attributs. Certaines ont quatre pattes. Parmi celles-ci, certaines ont des poils. Parmi celles-ci, certaines ont le pouce opposable au reste des doigts. Ces attributs (pattes, poils, pouce opposable) ne sont pas distribués n’importe comment. Ils sont distribués parmi les espèces selon une hiérarchie perceptible : tous ceux qui ont le pouce opposable ont déjà les poils, tous ceux qui ont des poils ont déjà quatre pattes… c’est-à-dire que la répartition des attributs n’est pas chaotique : on ne trouve pas de poils en dehors de ceux qui ont quatre pattes, ni de pouce opposable en dehors de ceux qui ont des poils.

    Il y a des attributs à expliquer, leur mise en cohérence maximale se traduit par la construction de groupes, qui peuvent prendre la forme d’ensembles emboîtés, ou bien d’un arbre (nous tairons la recette ici par souci de place). Ici, la cohérence maximale consiste à mettre dans un seul et même ensemble tous ceux qui ont des poils, au lieu de les ranger séparément avec ceux qui n’en ont pas en ensembles distincts. Pour réaliser cette mise en cohérence, on utilise la représentation de l’arbre (qui est une série d’ensembles emboîtés).

    De manière sous-jacente à notre action, c’est la phylogenèse qui explique cet emboîtement des attributs en un « ordre naturel ». L’arbre phylogénétique résultant traduit non seulement les degrés relatifs d’apparentement des espèces par l’emboîtement de leurs attributs, mais il raconte également le déroulement historique de leur apparition, c’est-à-dire l’ordre relatif de leur acquisition. On a donc reconstitué une histoire argumentée et vérifiable par autrui.

    La preuve expérimentale
    La preuve expérimentale, quant à elle, consiste davantage à agir sur le monde réel en mimant des forces évolutives telles qu’on se les représente.
    Pour simuler l’origine abiotique de molécules biologiques tels les acides aminés, Stanley Miller et Harold Urey ont soumis des composés abiotiques simples (méthane, hydrogène, ammoniaque, eau) à certaines conditions physiques dont on pensait qu’elles devaient être celles d’une terre primitive (chaleur, électricité). Ils ont fabriqué in vitro de nombreux acides aminés (constituants élémentaires des protéines) et les bases puriques des acides nucléiques (constituants élémentaires de l’ADN).
    Lorsqu’ils travaillaient sur des espèces à temps de génération très court, les biologistes ont pu « voir » l’évolution dans leur laboratoire. Dès les années trente, Philippe L’Héritier et Georges Teissier ont vérifié l’évolution biologique expérimentalement en maintenant des populations de 3000 à 4000 petites mouches du vinaigre dans des cages et en les soumettant à certaines contraintes de nourriture. On fait aujourd’hui cela couramment avec des bactéries, notamment lors de « phylogénies expérimentales » réalisées en laboratoire. Le régime de preuve est dit ici « hypothético-déductif ». C’est l’expérience qui explique la phylogenèse.

    Il est très important de comprendre que toute la biologie et toutes les sciences de l’évolution fonctionnent ainsi sur deux régimes de preuves distincts.
    Les sciences des structures (anatomie comparée, embryologie descriptive, paléontologie, systématique, phylogénie moléculaire…) sont des sciences historiques : la phylogenèse explique la répartition des structures à travers le vivant.
    Les sciences des processus (génétique moléculaire, embryologie, physiologie, génétique des populations, écologie…) sont des sciences expérimentales où la phylogenèse est expliquée par des expériences. Dans le premier cas, la phylogenèse explique, dans le second elle est à expliquer.
    Si l’on se trompe de régime de preuve, on arrive vite à des aberrations. C’est pourtant ce que font certains scientifiques, en prétendant que la systématique (la science des classifications) n’est pas une science parce qu’elle ne suit pas un schéma argumentatif de type hypothético-déductif fondé sur une expérience. C’est aussi ce que feront les créationnistes, en reprochant à la paléontologie de ne pas être une science pour les mêmes raisons.

    On constate donc que la scientificité d’une affirmation tient plus à son objectivité, c’est-à-dire à la possibilité de la vérifier par la reproduction d’expériences ou d’observations, qu’au régime de preuve lui-même : expérimental ou historique.

    LES ENTORSES A LA SCIENCE COMMISES PAR LES CREATIONNISTES


    Les créationnistes commettent de fréquentes entorses aux règles énoncées ci-dessus.
    La première est l’entorse au scepticisme, car dans toute expérience créationniste la foi imprime une idée préconçue du résultat qui devra sortir.
    Il n’y a pas vraiment d’entorse à la logique, mais plutôt cette logique est en œuvre sur des prémisses fausses.
    Les entorses au matérialisme méthodologique sont à l’œuvre indirectement, soit lorsque le résultat est suivi d’évocations incongrues d’entités immatérielles ou de mise en perspective des résultats dans le cadre du dogme, soit lorsque de véritables faux sont constitués.

    La foi, entorse au scepticisme
    Créationnistes et néo-theilhardiens aspirent soit à une réintroduction de la foi dans la démarche scientifique, soit une mise en compatibilité forcée des résultats de la science avec leurs dogmes, réalisant ainsi une « nouvelle alliance » entre science et spiritualité. La foi peut-elles s’intégrer dans une démarche scientifique ? Dans le Petit Robert, on trouve : « foi : le fait de croire à un principe par une adhésion profonde de l’esprit et du coœur qui emporte la certitude ». On comprend tout de suite que lorsqu’on en est au stade de la foi, il n’y a plus besoin d’expérience scientifique. Lorsque l’on porte une oreille scientifique aux discours mystiques, la foi peut être soit source d’hypothèses à tester, soit elle-même moyen d’investigation.

    Dans le premier cas, la foi est corruptrice puisque cette « certitude » ne tolère le test de l’expérience scientifique que s’il la conforte. La foi et l’idéologie jouent d’ailleurs le même rôle corrupteur à l’égard de la science, décrit dans «La pensée hiérarchique et l’évolution» par Patrick Tort (Aubier, 1983) et si bien illustré par S. J. Gould dans son célèbre ouvrage «La malmesure de l’Homme» (réédité au livre de Poche). Alors les expériences sont refusées sur le seul motif du résultat qu’elles donnent, ou bien sont truquées. Gould montre qu’un procédé courant est le tri conscient ou inconscient dans la collecte des «faits» ou des données. En revanche, l’expérimentateur scientifique se prépare à accepter n’importe quel résultat pourvu que sa mise en place soit rigoureuse.

    Dans le second cas, c’est-à-dire lorsqu’elle se propose d’être intégrée à la méthode scientifique, la foi rend l’expérience non testable.
    Pourquoi ? Parce que la foi est fille de l’endoctrinement ou de la révélation. Pour être outil de la science, elle nécessiterait que tous les expérimentateurs potentiels aient subi le même itinéraire mystique personnel avant même d’avoir commencé l’expérience, pour que celle-ci puisse être reproduite. Ce qui est déjà perdu d’avance : tous les hommes de ce monde ne se réclament pas de la même foi, loin de là. Et si cela était possible, cela annulerait finalement la nécessité d’une réitération de l’expérience.
    Il manque à la spiritualité et à la foi deux propriétés essentielles pour prétendre être source ou outil de science : structuration et universalité de leur contenu. L’universalité de la science, elle, tient à l’universalité des réalités matérielles de ce monde et à celle de la logique.

    Entorses à la logique
    En général, tout créationniste bon stratège ne commettra pas la faute d’illogisme. La logique est respectée, mais elle agit sur des prémisses erronées, ou sur une sélection tendancieuse des faits.
    Par exemple, Michael Denton dans L’évolution, une théorie en crise (Flammarion) exerce un esprit critique sur les bases d’une discipline qu’il n’a pas comprise, ou sur des données sélectionnées. L’intégration honnête de toutes les données et le respect de l’exacte armature logique des disciplines incriminées (par exemple l’anatomie comparée ou les phylogénies moléculaires) montrent clairement comment Denton était arrivé à montrer une logique apparente, mais mal fondée, et comment la restitution des fondements corrects éclaire alors des contradictions internes à Denton (voir Pour Darwin, sous la direction de P. Tort, P.U.F., 1997 ; et Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles, sous la direction de Jean Dubessy et Guillaume Lecointre, Syllepse, 2001).

    De même, le livre récemment traduit en français de Michael Cremo et Richard Thompson «L’histoire secrète de l’humanité» (éditions du Rocher, 2003) est un exemple remarquable de sélection des données plus ou moins mises en cohérence de manière à « étayer » la présence humaine sur terre depuis le précambrien, conformément aux mythes bouddhiques.

    Entorses au matérialisme méthodologique et entorses à l’expérimentation
    La spiritualité est tout ce qui relève de l’Esprit et dégagé de toute matérialité. En introduisant des facteurs relevant de l’Esprit, le spiritualisme «scientifique» incarné par les créationnistes, par les promoteurs de la pseudo-théorie du «dessein intelligent», mais aussi en France par l’ «Université Interdisciplinaire de Paris», échoue à expliquer comment l’Esprit pourrait être appréhendé par les scientifiques à l’intérieur (comme en dehors) du matérialisme. Le spiritualisme «scientifique» est par définition aux antipodes de la science en ce sens qu’il nie la nécessité d’un recours exclusif aux réalités matérielles de ce monde pour établir des vérités. Or, le recours aux expériences et aux observations sur le monde matériel est la seule garantie de leur reproductibilité, critère fondamental du statut de connaissance objective, et donc de scientificité. Introduite comme élément de construction d’une quelconque affirmation sur le monde réel, la spiritualité rend donc cette affirmation non testable scientifiquement. Le problème réside dans le fait que le spiritualisme scientifique, créationniste ou autre, entend bien conserver ses activités sous l’appellation de «science». Il y a donc imposture.

    Il est impossible de réaliser une expérience scientifique qui se voudrait sérieuse et qui, en même temps, ferait appel aux forces de l’Esprit. Les créationnistes le savent, et ont pourtant besoin de «prouver» scientifiquement le dogme. Ils ont donc recours pour cela à la fabrication de faits, c’est-à-dire à des fraudes caractérisées. Les limites de la fraude sont floues. On ne peut vraiment qualifier de «fraude» des interprétations aberrantes. Mais la fabrication de pièces est clairement une fraude. Stephen J. Gould a souvent raconté les pièces exposées dans des musées créationnistes, comme par exemple un moulage montrant un trilobite (un animal fossile de l’ère primaire, c’est-à-dire vieux d’environ 400 millions d’années) superposé à un pied humain, moulage supposé «attester» la coexistence de l’homme et du trilobite durant le déluge. Ian Plimer, géologue australien de l’Université de Melbourne, a clairement exposé les fraudes créationnismes dans «Telling lies for God, Reason versus creationism» publié en Australie en 1994. Il a démontré publiquement lors des procès contre les créationnistes australiens leurs fraudes scientifiques et financières. Le livre de Cremo et Thompson (voir ci-dessus) est saisissant d’aveuglement mystique dans l’interprétation de pièces qui vont de l’artéfact non intentionnel à ce qui ressemble à des pièces fabriquées intentionnellement.

    LE CREATIONNISME : FAITS DE SOCIETE


    Le créationnisme dur
    Les créationnistes issus du fondamentalisme protestant sont attachés à une lecture littérale de la genèse biblique. Leur discours sur le monde et son origine s’est longtemps construit contre la Science, ce qui limitait leur respectabilité. D’où un changement de stratégie.
    Les créationnistes modernes ne s’opposent plus à la Science, mais au contraire entendent gagner leur crédibilité auprès d’un public naïf ou désinformé en se prétendant eux-mêmes scientifiques. Ils ont donc inventé «le créationnisme scientifique» pour combattre la science sur son propre terrain, trouver et promouvoir les preuves scientifiques de l’interprétation littérale de la genèse biblique. Ainsi la terre n’aurait que 6000 ans et les fossiles seraient expliqués par le déluge. Deux siècles de géologie et de paléontologie sont réinterprétés de fond en comble et la biologie évolutionniste niée de manière à ce que la bible soit «scientifiquement prouvée».
    Aux Etats Unis, ils ont depuis 25 ans leurs instituts de recherches qui délivrent des PhD, leurs chercheurs qui publient dans leurs journaux, leurs musées. La Science est donc imitée dans tous ses détails. En parallèle, ils pratiquent un harcèlement feutré sur le système éducatif américain largement décentralisé. Ici où là, au gré des compositions sociales des conseils, leurs efforts percent, souvent contrecarrés par des décisions de justice.
    Ces quatre dernières années, les conseils de l’éducation d’au moins sept états ont tenté de gommer Darwin des programmes scolaires. L’Alabama, le Nouveau Mexique, le Nebraska ont déjà pris des mesures effectives. Au Kansas, ils ont pour un moment remporté une victoire qui fit grand bruit durant l’été 1999. Sous la pression des créationnistes, le conseil de l’éducation de l’Etat du Kansas vota la suppression de toute référence à l’évolution biologique dans les programmes de toutes les écoles publiques de l’état, de la maternelle jusqu’à la fin des études secondaires, dès la rentrée 2000. Non pas qu’il fut soudainement interdit d’enseigner l’évolution au Kansas, mais cette théorie centrale de la biologie fut tout simplement rendue facultative car supprimée des connaissances exigibles aux examens.
    Ainsi les districts les plus réactionnaires eurent tout le loisir de l’ignorer : certains conseils locaux envisagèrent d’adopter des manuels créationnistes, tandis que d’autres déclarèrent qu’ils continueraient à enseigner l’évolution biologique. Sans l’exigibilité aux examens, les professeurs sous la pression des parents créationnistes peuvent éviter le sujet pour ne pas avoir d’ennuis. Bien que l’Etat du Kansas revint sur cette décision au début de l’année 2001, cette affaire nous montre les conséquences du lobbying sur un système éducatif décentralisé, dans un pays où ce qui correspondrait à une «laïcité» ne se traduit pas en actes.

    En Australie, pays où le médecin Michael Denton publia en 1985 «Evolution, a theory in Crisis», le poids politique et économique des créationnistes (via la Creation Science Foundation) est énorme. Leur lobbying est tel qu’au début des années 1980, l’état du Queensland autorisa l’enseignement du créationnisme en tant que Science dans les écoles. Ian Plimer, professeur de Géologie à l’Université de Melbourne, refusa de laisser les créationnistes s’infiltrer dans le système éducatif de son pays. Plimer a pu prouver, au cours de six années de procès incessants, que les créationnistes australiens étaient responsables de fraudes scientifiques et financières. En Australie, les avocats sont payés sans budget ni limitation de durée tant que le procès se poursuit. Les fondamentalistes sont soutenus financièrement par une activité commerciale intense de cassettes vidéo et audio, livres, et autres supports de leur message sectaire. Ils utilisent toutes les tactiques légales en vue de retarder et d’empêcher l’action en justice d’apparaître à la cour, ceci pour essouffler financièrement leur ennemi. Ainsi Plimer dut vendre sa maison pour continuer les procès (voir son récit dans «Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences», Syllepse, 2001).

    En France, l’attitude la plus courante face au créationnisme est l’amusement. On se croit à l’abri, on ne voit aucune raison de s’inquiéter. On ignore peur-être que la Creation Research Society créée en 1963 aux USA est plus que jamais un puissant moteur de l’extension du créationnisme sur tous les continents. Que les profits que les créationnistes tirent de leur commerce en Australie ou aux USA servent à leur expansion, y compris en Europe. La Suisse hébergea en 1984 le premier congrès européen créationniste. La Suède ouvrit le premier musée créationniste à Umea en 1996. Le créationnisme s’infiltre en France, mais pas encore dans la sphère publique.
    En effet, les programmes scolaires des collèges et des lycées sont élaborés de manière centralisée, ce qui les préserve, dans une certaine mesure, des prosélytismes et lobbyings religieux. L’affaire du Kansas ne saurait se produire ici, pour des raisons d’abord structurelles, et dans une certaine mesure culturelles. L’évolution biologique reste au programme des sciences de la Nature au collège et au lycée. La laïcité française reste un facteur culturel qui priverait un courant créationniste offensif de toute représentation dans l’opinion.
    En revanche, l’extension du créationnisme dans la sphère privée est sensible : des communes peu regardantes ouvrent leurs salles pour des conférenciers créationnistes ; des cassettes vidéo créationnistes fabriquées en Hollande circulent dans certains lycées ; des tracts et même des livrets en provenance de diverses confessions sont distribués à la sortie de collèges ou lycées pour «rectifier» les cours de biologie. Diverses associations tiennent des propos très clairement créationnistes, d’idéologie intégriste catholique, tel le Cercle d’Etude Historique et Scientifique fondé en 1971, qui revendique 600 membres. L’infiltration du créationnisme est peut-être plus lente en France qu’ailleurs. Elle est polymorphe car nourrie de confessions diverses, mais l’activisme de sa composante attachée au fondamentalisme protestant ne peut être complètement étranger aux puissants moyens financiers dont jouit le créationnisme à l’étranger.

    Le providentialisme
    La situation française ne saurait être complètement décrite sans mentionner, en marge du créationnisme, la résurgence d’un providentialisme qui se propose de rendre compatibles les faits établis par la science et les dogmes des grandes religions.
    Ainsi, l’Université Interdisciplinaire de Paris organise depuis 1995 plusieurs congrès par an, dont celui d’avril 2002 était intitulé «Science and the Spiritual Quest II». L’organisation reçut une bourse de 10000 dollars de la fondation Templeton «pour le progrès de la Religion» dans les sciences.
    L’objectif de l’UIP n’est pas de prouver scientifiquement l’interprétation littérale d’un texte sacré. L’UIP n’est pas le créationnisme, mais commet l’une des entorses créationnistes à l’égard de l’investigation scientifique : la négation du matérialisme méthodologique.
    L’organisation déclare ce matérialisme obsolète et prophétise le «nouveau paradigme» du XXI ème siècle, celui l’une nouvelle alliance entre science et spiritualité (voir ci-dessus). L’organisation va s’efforcer de mettre en évidence, dans notre compréhension du monde, la convergence de lignes d’argumentation scientifiques et religieuses pour que la science puisse répondre à une «quête de sens».
    En même temps, il est entendu que tout phénomène n’ayant pas encore été expliqué par la science officielle reste un champ possible pour un appel à la transcendance (ceci est explicitement écrit dans la revue de l’organisation, «Convergences»). Il y a donc un appel, encouragé par le Vatican, à convoquer la transcendance précisément là où, sur le front de la genèse des connaissances, la science pour être efficace doit au contraire se conformer à sa rigueur et à la parcimonie les plus strictes. L’UIP proclame que la science n’interdit pas la recherche du divin, oubliant au passage le principe de parcimonie qui exclut toute hypothèse surnuméraire ad hoc, c’est-à-dire non testable.
    L’organisation se veut évolutionniste, mais d’un évolutionnisme compatible avec la foi religieuse, où l’homme reviendrait au centre d’un Univers ayant évolué vers lui, dont il est le dessein, et qui permettrait «d’approcher rationnellement la croyance». Toute interprétation des mécanismes de l’évolution faisant appel au nominalisme, à la variation, au hasard et à la sélection naturelle est donc récusée. L’UIP est donc anti-darwinienne, et, selon une double stratégie, d’une part utilise les mêmes objections à l’encontre du darwinisme que celles émises par les créationnistes, mais à d’autres fins ; et d’autre part fédère toute recherche qui tendrait à accréditer un néo-finalisme qui voudrait que l’apparition de l’espèce humaine fut «attendue», en quelque sorte programmée, conformément aux intuitions du père jésuite Teilhard de Chardin.
    D’ailleurs, en astronomie, l’UIP fédère de la même façon tout ce qui peut favoriser le «principe anthropique fort». On peut montrer qu’un certain nombre de membres de l’UIP sont en flagrant délit d’imposture intellectuelle, selon la définition donnée à ce terme par Alan Sokal et Jean Bricmont (dans «Impostures Intellectuelles», Seconde Edition, J’ai Lu, 1999 ; voir aussi «Intrusions spiritualistes et Impostures Intellectuelles en sciences», dirigé par Jean Dubessy et Guillaume Lecointre, Syllepse, 2001).

    Un créationnisme mou mais offensif : le « dessein intelligent »
    L’UIP en France est dans la même mouvance intellectuelle que le mouvement d’intellectuels américains dit du «dessein intelligent» («Intelligent Design»), qui tente d’utiliser la science pour affirmer des options politiques et spirituelles. Nous reprendrons ici une partie de l’analyse de ce mouvement publiée dans «Les matérialismes et leurs détracteurs», de Jean Dubessy, Marc Silberstein et Guillaume Lecointre (Syllepse, 2004). On se reportera à ce livre pour plus de détails.
    Selon le «Discovery Institute» qui structure le mouvement, «la théorie du dessein intelligent affirme que certaines caractéristiques de l’univers et des êtres vivants sont expliquées au mieux par une cause intelligente, et non par un processus non dirigé telle la sélection naturelle». Le mouvement du «dessein intelligent» s’emploie donc à critiquer tout ce qui peut l’être dans la théorie darwinienne de l’évolution, et surtout ses ennemis de toujours : le matérialisme méthodologique inhérent à une approche seulement scientifique des origines du monde naturel, et l’idée que les espèces se transforment au cours du temps sous l’action de facteurs contingents. Pour tout schéma argumentaire, il ne s’agit que de la répétition (Voir «Pour Darwin», coordonné par Patrick Tort, P.U.F., 1997), sous une forme retravaillée, de l’analogie finaliste du théologien anglican William Paley (1743-1805).
    Arguant que tout objet/artefact est intentionnellement façonné pour remplir une fonction, Paley et ses imitateurs d’aujourd’hui transposent ce principe dans la Nature pour faire intervenir une intelligence conceptrice à l’origine de l’adéquation entre formes et fonctions dans la Nature, et donc une intelligence à l’origine des êtres vivants. Les promoteurs modernes du dessein intelligent veulent avoir été désirés par un créateur, quel qu’il soit : c’est là la proposition minimale. Ensuite, il revient à chacun d’apporter son frichti à l’auberge spiritualiste : créationnistes, évolutionnistes déistes, néo-teilhardiens qui s’ignorent, etc. : les mécanismes par lesquels le Grand Concepteur arrive à ses fins font l’objet d’un débat œcuménique. Surtout pas de sectarisme, à une époque où les esprits confondent avoir tort et être entravé dans sa liberté de penser.
    Sur le plan de la technique d’argumentation, ce sont toujours les mêmes vieux ressorts. D’abord, un travail de confusion épistémologique consiste à présenter la théorie darwinienne de l’évolution non pas comme une théorie scientifique, mais tour à tour comme une «idéologie», une «philosophie naturelle», finalement une position métaphysique qui pliera les «faits» à son impérieuse nécessité. En retour, les tenants du «dessein intelligent» légitimeront le fait que leur propre «courant métaphysique ouvert aux discussions rationnelles» (le mot est de P. Johnson, l’un des principaux acteurs du mouvement) puisse également faire l’objet d’un «programme de recherches», dans lequel d’ailleurs des universitaires américains se sont déjà engagés (Charles Thaxton, Michael Behe…). Ensuite, les adeptes de ce mouvement (William Dembski, Casey Luskin, Nancy Pearcey, John Wiester…) dépensent la plus grande partie de leur énergie à une critique hypertrophiée du darwinisme qui passe par des stratégies précises, non exclusives entre elles.

    Les stratégies du «Dessein Intelligent»
    La première de ces stratégies consiste à poser de mauvaises questions ou émettre des objections fausses, appuyées de raisonnements analogiques. Cette fois-ci, on le fait à un niveau de détail qui met la plus grande part du public dans l’embarras : l’instruction apparente force le respect ; dans le même temps livre le public pieds et poings liés à la manipulation par manque d’expertise. Le procédé fonctionne : les boussoles des journalistes s’affolent ; ces derniers tombent dans le piège ou ne récusent que timidement. Les promoteurs du dessein intelligent se font inviter dans les universités pour débattre.
    La seconde de ces stratégies consiste à produire ce qu’on pourrait appeler le décalage d’échelle. On isole un détail de la théorie darwinienne de l’évolution ou une erreur de vulgarisation ; on émet des objections techniquement sophistiquées sur le détail sélectionné, pour les présenter comme des réfutations majeures de tout l’ensemble théorique. Enfin, la stratégie générale de communication, en particulier celle promue par P. Johnson, consiste à pratiquer cette hypertrophie de la critique en explicitant le moins possible ce qui pourrait remplacer ce que l’on critique, afin de garder cette neutralité de façade, en apparence éloignée des religions, et surtout du créationnisme traditionnel. Phillip Johnson déclare au journal World sa stratégie : «la clé consiste plutôt à promouvoir des qualités d’analyse qu’à défendre une position préconçue». Ce qui permet à la fois d’apparaître objectif et surtout de ratisser large.

    L’écrivain et journaliste Louis Freedberg écrit à propos de P. Johnson :
    «Il [Phillip Johnson, Discovery Institute] évite de répondre aux question ciblées, y compris à quoi pourrait ressembler selon lui le créateur intelligent : «Il se pourrait certainement que ce soit Dieu, une créature surnaturelle, mais en principe ce pourrait être aussi des aliens de l’espace d’une grande intelligence qui ont fait la conception», dit-il…. Il ne dira pas s’il est créationniste ou non. «Je ne répondrai pas à cette question. C’est comme si vous me demandiez si j’ai jamais été un jour membre du parti communiste».

    En effet, P. Johnson veut fédérer toutes les forces anti-darwiniennes, qu’elles travaillent ensemble plutôt que de s’affronter sur leurs positions dogmatiques : «si vous essayez de promouvoir une position particulière trop détaillée, vous finissez sur la défensive, divisés et combattant entre vous. (…). La notion de conception intelligente n’est pas une position, c’est un courant métaphysique ouvert aux discussions rationnelles». S’affirmer en faveur d’une chapelle ruinerait son entreprise d’extension. Il travaille donc sur le dénominateur commun à la plupart des religions : critique du darwinisme et sophistication de l’argument en faveur d’une intelligence à l’origine de l’adéquation forme-fonction dans la Nature. Nancy Pearcey, autre promotrice du même mouvement, éclaire la stratégie de communication de P. Johnson en le citant :

    «La plus fondamentale et la plus significative des affirmations du darwinisme est que la vie est le produit de forces impersonnelles, que c’est un accident. (…). C’est une philosophie qui prend à défaut la plupart des américains. Si les chrétiens orientent le débat de cette façon, nous ne pouvons pas être marginalisés».

    On y trouve presque tout. D’abord, la confusion épistémologique à travers un darwinisme vu comme philosophie. Les forces «impersonnelles» sont une nécessité méthodologique des sciences, pas un parti pris philosophique. Cette ignorance têtue et militante de l’indépendance des sciences fait de ce mouvement une force anti-scientifique, nous y reviendrons. Ensuite, la démagogie par l’écoute attentive des américains. En effet, si le darwinisme est une philosophie, on irait presque jusqu’à voter pour établir s’il est question de l’adopter collectivement ou non, si toutefois les débats philosophiques avaient quelque chose à voir avec un vote démocratique. Ironie mise à part, on voit là qu’il y a un véritable enjeu de pouvoir, que confirme l’appel final à la mobilisation des chrétiens. Le résultat net, c’est que les chrétiens sont appelés à intervenir en tant que chrétiens dans les débats qui sont au cœur des méthodologies scientifiques. Au-delà du défaut de laïcité que cela implique, il est fait appel à un nouvel acte de prédation de l’idéologie sur la science. Car la répétition des mêmes éléments discursifs au travers de l’histoire (ici l’analogie de Paley), mobilisée autour d’enjeux de pouvoir, est le propre de l’idéologie. L’historicité évolutive des sciences sert ici de substrat à une idéologie dont la trans-historicité réitérative a besoin de se cacher derrière les faits nouveaux générés par la première. La première innove, la seconde se répète en parasite de la première, cherchant à en extraire l’apparence du nouveau. On trouvera une analyse fine de ces mécanismes dans «La pensée hiérarchique et l’évolution», de Patrick Tort (Aubier, 1983). Plus globalement, on trouvera des exemples de ces stratégies à l’œuvre et leur analyse dans Dubessy, Lecointre et Silberstein (2004).

    Qui sont-ils et pour quoi travaillent-ils ?
    Cependant, la neutralité apparente de P. Johnson n’empêche pas les vraies motivations des autres membres du mouvement de s’afficher. Michael Denton, un praticien de longue date de la désinformation instruite (voir Beaumont, 1997 ; Delsol et Flatin, 1997 ; Lecointre, 1997 ; Tassy, 1997 ; tous dans «Pour Darwin», P.U.F., 1997) a récemment dévoilé pourquoi la théorie darwinienne de l’évolution le gênait tant, en faisant éclater au grand jour sa vision totalement téléologique du monde dans un livre intitulé «L’évolution a-t-elle un sens ?» traduit récemment chez Fayard. Dans son opuscule “Evolution by Design”, Jonathan Wells expose une compréhension des transitions entre espèces mue par des créations successives (il s’agit donc bien d’un créationnisme) et affirme que le but ultime fut de créer un environnement convenable pour que la Terre puisse accueillir les êtres humains (il s’agit donc de la version forte de la téléologie, d’une sorte de principe anthropique biologique) :

    «J’émets la conjecture selon laquelle l’espèce humaine était prévue bien avant que la vie sur Terre n’apparaisse, et l’Histoire de la Vie est l’enregistrement de la réalisation de ce plan… Les organismes primitifs ont dû paver la route pour l’établissement des écosystèmes stables que nous connaissons aujourd’hui. Une planète stérile devait devenir un jardin… Le premier bébé humain devait sans doute être nourri par un être très semblable à lui-même, tel un primate ressemblant à un homme. Cette créature devait à son tour avoir été nourrie par une autre, intermédiaire entre elle-même et un mammifère plus primitif. En d’autres termes, un plan prévoyant l’émergence des êtres humains devait inclure quelque chose comme la succession des formes préhistoriques que nous trouvons dans le registre fossile.»(…) «Bien que ce processus ressemble superficiellement à la notion darwinienne d’ascendance commune, la théorie du dessein intelligent en diffère en maintenant que les prédécesseurs n’ont pas besoin d’être des ancêtres biologiques mais seulement des dispensateurs de nourriture et de protection essentiels».

    Jonathan Wells est membre du “Discovery Institute” depuis 1996. Durant les années 1970, il était membre de la «Reverend Sun Myung Moon’s Unification Church», église travaillant à la fois pour l’ «unification» du christianisme mondial et l’«unification» des sciences (voir «Le zéro et le Un : histoire de la notion scientifique d’information», de Jérome Segal, Syllepse, 2003 ; notamment les chapitres 7 et 11). La secte instaure notamment en 1972 une série de conférences intitulées «Conférences internationales pour l’unité des sciences» qui reçoivent le soutien du prix Nobel spiritualiste John Eccles (très apprécié de l’UIP) et d’Ylia Prigogine. Wells était convaincu que la théorie de l’évolution est fausse parce qu’en conflit avec les croyances de sa secte, notamment celle selon laquelle le genre humain fut spécialement créé par Dieu. Poussé par Moon, Wells s’inscrivit à l’Université de Yale et concentra ses efforts sur tout ce qui pouvait contredire la théorie de l’évolution. Plus tard, au début des années 1990, il s’inscrivit à nouveau à Berkeley et obtint des diplômes en Biologie pour améliorer sa force de frappe en matière de lutte contre la théorie de l’évolution. Dans “Why I Went for a Second Ph.D.” (1996), Jonathan Wells explique comment il décida de consacrer sa vie à combattre la théorie de l’évolution :

    «Il (le révérend Sun Myung Moon) critiquait fréquemment la théorie darwinienne selon laquelle les êtres vivants trouvent leur origine sans l’action créatrice et finalisée de Dieu (…). Les mots du Père, mes études et mes prières me convainquirent de consacrer ma vie à la destruction du darwinisme, comme plusieurs de mes collègues unificationnistes ont consacré la leur à la destruction du marxisme. Quand le Père me choisit (avec une douzaine de diplômés du séminaire) pour entamer un programme de thèse en 1978, je me réjouis de cette opportunité de me préparer au combat».

    Charles Thaxton, l’un des initiateurs du «dessein intelligent», après son doctorat de chimie, se demandait si la vie avait réellement commencé dans une soupe primitive. Il se souvint que les critiques sur les origines de la vie commençaient à voir le jour parmi les scientifiques (il s’agissait en fait de discussions sur la possibilité d’une atmosphère réductrice comme le prévoyait l’expérience fameuse d’Urey et de Miller).

    «Mais je pensais continuellement au verset de la bible qui dit «soit vainqueur du mal par le bien». J’avais le sentiment que les chrétiens devaient offrir une alternative positive à la théorie de l’évolution».

    Cette alternative au «Mal» fut la notion de dessein intelligent, formalisée dans un livre où l’ADN est interprété comme de «l’intelligence codée dans une structure biologique», requérant par là même une «intervention intelligente».

    Les principaux promoteurs du courant du dessein intelligent ne cachent donc pas que les impulsions du mouvement sont clairement religieuses. Mais s’ils se démarquent des religions par pure stratégie, ils travaillent néanmoins dans des structures identifiées. Jonathan Wells et Phillip Johnson, sont membres du “Centre pour le Renouveau de la Science et de la Culture“ (CRSC), une branche de l’ «Institut de la Découverte» (Discovery Institute), Think Tank conservateur fonctionnant sur des fonds privés établie à Seattle. Le CRSC, dont le programme de formation a été concocté par P. Johnson lui-même, diffuse l’idée que la science en général, et plus particulièrement la théorie de l’évolution, sont responsables d’une «philosophie matérialiste et athée» qui aurait des conséquences culturelles «désastreuses» sur nos sociétés et qu’il faudrait donc combattre. Le CRSC se fait le promoteur d’une stratégie de remplacement de la science actuelle par une science incorporant la notion de «dessein intelligent» et les causes surnaturelles. Il rejette l’idée -assez répandue dans le monde anglo-saxon- selon laquelle Dieu utiliserait le processus évolutif comme moyen de sa création. Il déclare que la science, au contraire, en se limitant aux explications naturelles du monde physique, affirmerait explicitement l’inexistence de Dieu. Selon J. Wells :
    «La théorie de Darwin exclut le dessein et donc exclut logiquement Dieu. C’est la source de son athéisme».

    Le CRSC rejette même l’idée assez répandue selon laquelle la science ne s’occupe que du monde physique, tandis que la sphère spirituelle appréhenderait les aspects esthétiques, moraux et religieux. On pourrait même ici critiquer cette distribution des rôles en considérant que les aspects moraux et esthétiques de notre monde ne relèvent ni de la science, ni nécessairement de la sphère spirituelle, réduisant au maximum le champ d’action de la spiritualité. Mais le CRSC rejette cette distribution pour les raisons diamétralement opposées : selon lui, la science doit au contraire se fondre dans la sphère spirituelle, ce qui étend au maximum le champ d’action de celle-ci.

    En forçant le lien entre la théorie darwinienne de l’évolution et l’athéisme et en disqualifiant celles des religions qui reconnaissent un terrain propre et limité aux sciences naturelles, le CRSC espère opérer une cassure, piloter un divorce entre ceux qui reconnaissent le fait évolutif et ceux qui sont religieux. Il déclare qu’on doit absolument choisir entre être un supporter athée de l’évolution darwinienne ou un opposant religieux, ce qui, aux Etats-Unis, n’est pas une dichotomie anodine. Le CRSC entend étendre le «dessein intelligent» à tous les aspects de la culture, conformément à l’appel au renouveau de la science et de la culture qu’indique son nom, travail destiné à «combler le gouffre séparant les créationnistes des théistes évolutionnistes». Grâce au dessein intelligent, les premiers n’ont plus besoin de s’agripper à une interprétation littérale de la Bible pour garder Dieu dans le discours sur nos origines, et les seconds peuvent tranquillement rejeter Darwin sans risquer le ridicule, aidés du vernis de sérieux que confèrent de –prétendues– nouvelles propositions. Les membres du CRSC pensent que la science rénovée, incorporant les causes surnaturelles, doit chercher et dicter ce qui constituera une «éthique naturelle», une «morale naturelle», et que cette science-là sera en mesure de découvrir quels comportements transgressent les buts sous-jacents du dessein intelligent de l’Homme. Ce serait donc à cette science de découvrir lesquels de nos comportements, nos mœurs, notre morale sont voulus par Dieu. La fonction de Think Tank conservateur prend alors toute sa signification : l’avortement et l’homosexualité transgressent le dessein intelligent de Dieu, notamment par dévoiement des fonctions pour lesquelles nos formes avaient été initialement créées. Grâce à ces diplômés d’universités, la lutte contre ces transgressions» se voit parée d’un alibi scientifique. En donnant une assise prétendument scientifique au «Bien» et au «Mal», le courant du «dessein intelligent» débouche donc sur une sorte de scientisme religieux qui, pour des scientifiques européens, paraît paradoxal et même effrayant, habitués qu’ils sont pour la plupart à préserver la neutralité de la science par le respect de son indispensable cadre laïc.

    Des confusions épistémologiques caractéristiques
    Les contorsions de Johnson sont des plus sophistiquées qui soient, et très difficiles à identifier pour le grand public. C’est la raison pour laquelle nous nous arrêterons un instant sur les confusions épistémologiques sciemment entretenues par ce juriste de profession. Phillip Johnson est connu pour les équivalences suivantes : matérialisme=idéologie, la théorie darwinienne de l’évolution est matérialiste, donc darwinisme=idéologie. Toute l’argumentation de Johnson repose sur une astuce simple sur le fond mais qui demande une solide culture scientifique pour pouvoir être déjouée, culture que n’a pas une grande partie du public auquel Johnson s’adresse. En découplant la science du matérialisme méthodologique qui la fonde et la définit, Johnson fait passer le matérialisme pour un parti pris tantôt «idéologique», tantôt «métaphysique», tantôt «philosophique» ; et condamne comme usurpateurs les scientifiques conscients de la condition matérialiste de la science, tel Richard Lewontin. Au sujet de la théorie de l’évolution (tiré de «La crise politique du matérialisme scientifique» publié dans «First Things» en mai 1997, et traduit dans «Convergences», n°7, revue de l’Université Interdisciplinaire de Paris) :

    «Or, supposer qu’une préférence philosophique puisse valider une théorie à laquelle on est attaché revient à définir la science comme un moyen d’appuyer ses préjugés. (…) Le darwinisme est basé sur un accord préalable en faveur du matérialisme et non sur une évaluation philosophiquement neutre des preuves. Séparez la philosophie de la science et vous verrez le fier édifice s’écrouler. Quand le public aura bien compris cela, le darwinisme de Lewontin n’aura plus qu’à quitter les programmes d’études pour aller moisir au musée de l’histoire des idées près du marxisme de Lewontin».

    L’allusion idéologique est claire. Une variante pose l’égalité : darwinisme=métaphysique dans le livre de Phillipp Johnson intitulé «Le darwinisme en question. Science ou métaphysique ?» (Pierre d’Angle, 1996). Puis, plus récemment, P. Johnson est passé du matérialisme comme métaphysique au matérialisme comme philosophie de la nature :

    «Si le naturalisme est vrai, c’est-à-dire si la Nature est la seule chose qui existe, alors quelque chose de semblable au darwinisme est forcément vrai, même si on n’arrive pas à la prouver». «Le darwinisme est moins une conclusion de faits observables qu’une déduction de la philosophie naturaliste».

    Selon John Wiester, véhément défenseur du mouvement :

    «le darwinisme, c’est de la philosophie naturaliste qui se fait passer pour de la science».

    D’où la position de Nancy R. Pearcey (autre promotrice du mouvement, et auteur de : «The soul of science : chistian faith and natural philosophy»), qui en dit long sur la compréhension qu’ont les américains des rapports entre la religion et l’école :

    «Considérez ces citations : «Tu es un animal, tel le ver de terre» proclament certains manuels de biologie, «l’évolution s’effectue au hasard, sans plan ni but» déclarent d’autres. Or les écoles publiques américaines sont censées être neutres en ce qui concerne la religion, alors que ces citations s’opposent clairement à toutes les religions. De plus, ces affirmations vont bien au-delà de toute constatation empirique, et sont plus philosophiques que scientifiques».

    En présentant la théorie darwinienne de l’évolution non pas comme une théorie scientifique mais comme une philosophie naturaliste ou une idéologie, ils améliorent leur stratégie :
    1. Une théorie scientifique peut certes être enseignée dans les cours de sciences des écoles, mais pas une philosophie ; par conséquent on légitime soit l’éradication de la théorie darwinienne de l’évolution des cours de sciences, soit l’exigence de mise en balance d’une philosophie naturaliste et d’une philosophie spiritualiste, ou de x autres philosophies.
    2. Ils accréditent l’idée qu’une autre «proposition métaphysique» que la «philosophie naturelle» telle que la leur peut tout aussi bien être discutée rationnellement et faire l’objet d’un programme de recherche.

    Johnson veut ignorer le véritable statut du matérialisme en sciences et confond clairement philosophie, proposition métaphysique, idéologie, paradigme et théorie. Il identifie les rôles du paradigme et de la théorie en sciences à celui de l’idéologie ou d’une philosophie qui plieraient la science à leurs besoins. Il y a, en fait, de grandes différences de niveaux et de rôles. La philosophie et l’idéologie siègent d’abord hors des sciences, car elles ont des objectifs et des moyens propres. L’idéologie soumet la science à son objectif primordial de justifier un pouvoir, quel qu’en soit le coût. Paradigme et théorie sont au contraire des éléments de la science en construction, en quelque sorte des parties de son échafaudage, même si les raisons pour lesquelles nous travaillons à l’intérieur d’un paradigme ne sont pas toujours rationnellement justifiées. On sait généralement pourquoi on travaille sur une théorie. On sait moins pourquoi on travaille dans un paradigme. Car le paradigme est l’ensemble des solutions concrètes appartenant à une matrice disciplinaire. Cette matrice est l’ensemble des valeurs, des techniques et des propositions considérées comme valides par une communauté scientifique appartenant à une même discipline à un moment donné. Le paradigme est l’ensemble des solutions d’énigmes auxquelles se réfèrent les membres d’une même discipline (voir «La structure des révolutions scientifiques», de Thomas Kuhn (1970), seconde édition traduite par Laure Meyer chez Flammarion en 1983 ; «La philosophie des sciences au XXème siècle» d’Anouk Barberousse, Max Kistler et Pascal Ludwig, Flammarion, 2000 ; «La science en dix questions», Hors Série du journal Sciences et Avenir n° 133 coordonné par Laurent Mayet , 2002). J. Wells est stratégiquement plus habile que P. Johnson, car il tente de lire des données à la lumière de deux théories prétendument en compétition (tantôt appelées théories, tantôt appelées paradigmes) et de voir lequel des deux est le plus cohérent (même si, techniquement, Wells est maladroit).

    Johnson a habilement inversé les rapports entre science et philosophie, en subordonnant la première à la seconde. Car en fait, en dehors des sciences, le matérialisme méthodologique n’impose à quiconque aucune philosophie, aucune option métaphysique ni idéologie. La science pour fonctionner n’est subordonnée à aucun matérialisme métaphysique. D’ailleurs, il existe bien des scientifiques qui sont irréprochables dans leur métier et qui ont pourtant choisi pour leur vie privée des options métaphysiques incompatibles avec un matérialisme philosophique. Par ailleurs, libre à certains philosophes de s’inspirer des contraintes inhérentes au matérialisme méthodologique des sciences pour conforter un matérialisme philosophique ; mais cela ne concerne pas la science dans son fonctionnement.

    Finalement, à travers cette inversion et l’intoxication générale produites par Johnson, on comprend l’importance et les enjeux d’une bonne clarification du rôle du matérialisme dans les sciences. Le matérialisme de la théorie darwinienne de l’évolution n’est pas spécifique à cette théorie : c’est le matérialisme de toute démarche scientifique.

    La théorie du «Dessein Intelligent» : outil d’une volonté théocratique
    Pourquoi le mouvement du «dessein intelligent» relève-t-il de l’anti-science ? On peut appeler anti-science toute entreprise de fraude scientifique caractérisée, d’imposture intellectuelle en sciences (au sens de Sokal et Bricmont, 1997 ; ou Dubessy et Lecointre, 2001), ou d’opération de communication brouillant la nature, les objectifs et le champ de légitimité de la science. Ces trois motifs se retrouvent à des degrés divers lorsque l’indépendance méthodologique des sciences est annulée par l’idéologie. Le mouvement du «dessein intelligent» est de l’anti-science pour les raisons suivantes :

    1. La nature de la science est faussée. Ce mouvement est frappé de nullité épistémologique : la théorie darwinienne est présentée tantôt comme une philosophie naturaliste, tantôt comme une idéologie, tantôt comme «qu’une hypothèse», ou «qu’une théorie», et dans ce dernier cas c’est pour souligner qu’elle ne devrait pas être présentée comme «un fait», montrant par là une incompréhension totale des rapports entre faits et théories.
    2. Les objectifs de la science sont faussés. Les écrits des principaux ténors de ce mouvement démontrent que leurs motivations profondes et leurs objectifs ne sont pas scientifiques, mais religieux. La science est mise à contribution pour fonder des dogmes et justifier leur intrusion dans le champ social et politique, dans le cadre des think tanks conservateurs. Pour cela les acteurs du mouvement revendiquent leur propre programme de recherches.
    3. Le champ de légitimité de la science est faussé. Ce mouvement fait sortir la science de son rôle en la sommant de dicter dans le champ moral et politique ce qui est conforme au «dessein intelligent». L’indépendance des règles méthodologiques internes à la science vis-à-vis de la société est rompue. Si la science se permet de légiférer dans le champ moral et politique, là où seuls des déterminants moraux devraient en principe agir, il faut alors qu’en retour elle s’attende à se voir dicter de l’extérieur ce qu’elle doit trouver. La science mise au service de l’idéologie devient un organe de celle-ci, légifère avec elle mais au prix de s’être préalablement totalement pliée à elle. Les exemples sont multiples. En cherchant à justifier scientifiquement des lois de discrimination raciale, l’anthropologie nazie s’est efforcée de prouver certaines infériorités raciales. En cherchant un soutien scientifique à l’interprétation littérale des textes bibliques, le créationnisme en vient à fabriquer de toutes pièces ses données.

    Finalement, si la forme prise par l’anti-science se complique avec le mouvement du «dessein intelligent», nous faisons face à la répétition de vieilles objections finalistes sur la forme intentionnellement conçue pour une fin, et donc une priorité donnée aux fins dans la Nature, résurgence idéologique au service d’un pouvoir convoité. Cette répétition d’objections faites à la science illustre une fois de plus les rapports antagonistes entre l’historicité évolutive des sciences et la trans-historicité réitérative et sans cesse remaniée des idéologies. L’idéologie tente sans cesse de parasiter la science, dans laquelle elle puise le sang de la nouveauté factuelle pour mieux cacher sa propre récurrence. Mais trop de parasites tuent l’hôte : la science devient anti-science lorsqu’elle se fait engloutir dans l’idéologie.

    #219755
    Alain
    Membre

    Yves Coppens
    Paléoanthropologue

    Yves Coppens est actuellement l’un des plus grands spécialistes français de l’évolution humaine…
    Homme de terrain il a entrepris de nombreux chantiers de fouilles souvent fructueuses comme, par exemple, la découverte de la célèbre Lucy…
    Homme de réflexion, il a développé plusieurs théories sur les hominidés et les panidae…

    Son parcours
    Yves Coppens est né en 1934.
    Passionné par la Préhistoire depuis son enfance, Yves Coppens, a commencé sa carrière de chercheur par quelques travaux de fouilles et de prospection en Bretagne pendant ses années de Collège, de Lycée et d’Université.
    1956 Entrée au CNRS à 22 ans ! Yves Coppens se dirige vers l’étude d’époques très reculées : le quaternaire et le tertiaire
    1960 il commence à monter des expéditions au Tchad, en Ethiopie puis en Algérie, en Tunisie, en Mauritanie, en Indonésie et aux Philippines.
    1965 Découverte d’un crâne d’hominidé à Yayo (Angamma) nommé Tchadanthropus Uxoris. Le Tchadanthropus, peut-être âgé d’un million d’années, serait proche d’Homo Erectus.
    1969 Maître de Conférences au Museum National d’Histoire Naturelle, il est donc naturellement à la sous-direction du Musée de l’Homme.
    1974 Co-Découverte d’Australopithecus Afarensis nommé Lucy car Yves Coppens écoutait avec ses co-découvreurs, Donald Johanson et Maurice Taïeb, une chanson des Beatles (Lucy in the sky with diamonds).
    1980 Il est nommé Directeur et Professeur au Museum pendant 3 ans
    1981 Il propose une explication environnementale de la séparation Hominidae Panidae : l’East Side Story
    1983 Elu titulaire de la Chaire de Paléoanthropologie et Préhistoire du Collège de France.
    1988 Yves Coppens a développé et démontré comment l’acquis avait pris le pas sur l’inné, ce qui a notamment ralenti l’évolution humaine depuis plusieurs dizaines de milliers d’années.
    2003 Suite aux découvertes de Toumaï et d’Abel, Yves Coppens remet lui-même en cause sa théorie de l’East Side Story ! Participation à la réalisation de l’Odyssée de l’espèce.
    2004 Caution scientifique lors de la réalisation du documentaire Homo sapiens (diffusé en 2005).
    2005 Yves Coppens et Bernard Vandermeersch, cautions scientifiques du Paléosite, Centre interactif de la Préhistoire de St Cesaire.
    2006 Yves Coppens est nommé par le président de la République au « Haut conseil de la recherche et de la technologie » qui doit « éclairer le chef de l’Etat et le gouvernement sur toutes les questions relatives aux grandes orientations de la nation en matière de politique de recherche »

    Distinctions
    1963 Le prix Edmond Hébert
    1969 Le prix André C. Bonnet
    1973 La médaille d’or de l’Empereur d’Éthiopie
    1974 Le grand prix Jaffé de l’Académie des Sciences
    1975 Le grand prix scientifique de la Fondation de France
    1975 La médaille Fourmarier de la Société Géologique de Belgique
    1978 Le prix Glaxo
    1982 La médaille d’argent du CNRS
    1984 Le prix Kalinga de l’UNESCO
    1984 La 27e Annual Address de la Palaeontological Association à Londres
    1985 La 55e James Arthur Lecture on the Evolution of the Human Brain à l’American Museum of Natural History à New York
    1985 La IXe conférence Augustin Frigon de l’École Polytechnique de Montréal
    1987 La médaille Vandenbroeck de la Société belge de géologie, de paléontologie et d’hydrologie
    1989 La médaille André Duveyrier de la Société de Géographie
    1991 La médaille d’or de l’encouragement au progrès

    Mais aussi :
    Chevalier de la Légion d’Honneur
    Officier de l’Ordre du Mérite
    Officier des Palmes Académiques
    Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres
    Officier de l’Ordre National du Tchad

    #201989

    Sujet: français, arabe

    dans le forum Le site Oujdacity
    moa
    Membre

    Bonjour
    une petite question :pourquoi faire une page en français et une en arabe , puisque sur la page français , un seul article est effectivement en français, et tous les autres en arabe ?
    une francophone qui ne sait pas lire l’arabe (mais qui le comprend!)

    #219740

    En réponse à : Irak

    saidi
    Membre

    @Alain wrote:

    Comment peut on expliquer ce massacre et pourquoi peut il continuer dans l’indifférence générale ?

    Il est vrai qu’il n’a pas la symbolique de la Palestine mais il a fait environ 10 fois plus de victimes sans qu’on entende la moindre réaction.

    Et personne ne se pose la question ?

    Bonjour ALAIN, je pense qu’il existe une grande divergence d’opinions entre nous deux:

    1. qui est responsable de ce qui s’est passé en AFGHANISTAN qui je répète Après y avoir foutu la pagaille la plus totale, les americains se sont taillés en laissant les afghans se debrouiller, il aurait fallu les laisser se debrouiller avant leur intervention, car je suis persuadé que depuis leur passage, il ont un laissé un pays dans un état pire qu’avant leur passage ( celle là on a voulu nous la faire avaler sous le pretexte de BEN LADEN!!!)

    2. Après avoir essayé de nous faire avaler la suivante qui est celle de SADDAM qui menace le monde avec ses armements, où sont ces armes que détenaient soit disant SADDAM), il n’ont rien trouvé de mieux, c’est de se dire on s’est complètement planté en AFGHANISTAN, alors essayons l’IRAK. car j’espère chèr ALAIN? TU NE VAS QUAND MËME PAS CONTINUER 0 NOUS RAPPELER LES MASSACRES QUI ONT LIEU TOUS LES JOURS EN irakET que tout le monde voit ou lit sans nous dire qui était à la base de cette affaire, ne me dis pas que ce n’est pas les américains.

    3. Comme tu le sais, les américains, sachant qui se sont encore une fois planté complètement en IRAK, alors qu’ils préparent tout doucement leur retrait pour ne pas dire se sauver en laissant derrière eux un pays en pleine ruire et en pleine guerre civile comme on le sait tout, peut être qu’ils se disent que nous pourrons nous sauvez la face en se retournant vers l’IRAN. Mais, là, je peux te garantir que ce sera une autre paire de manche tu peux me croire.

    4. Le DARFOUR, avant de développer, je voudrais te dire que tout le monde arabe et africain ont toujours été frustré par la politique de deux poids deux mesures que mènent les américains.

    5. Je ne vais pas terminer sans te parler de notre vieille europe qui se gargarisent réunir 25 pays et de quelle manière?. Pourquoi à ton avis la puissance que constitue l’europe n’est pas capable de régler ce problème, pourquoi, elle ne l’a pas fait lors du genocide dans la région des grands lacs? eh bien cher ALAIN, je vais peut être te le dire: Cette vieille europe à force de chercher ses intérêts individuels, elle finira par se ronger les ongles, d’ailleurs, il n’ya qu’à voir comment ils ont été embarqué dans la mondialisation de manière aveugle, qu’aujourdh’ui déjà alors qu’on est encore loin des conséquences à venir, déjà on voit en france comme en Belgique de plus en plus d’entreprises fermer, laisser des milliers de familles sans ressource pour délocaliser comme on dit aujoud’hui. Je dois te dire que pour ma part, je me rejouit quelque peu, pas pour les pauvres familles qu’on abandonne et à qui on propose d’aller habiter la roumanie pour être payé 100 euros par mois, mais pcq je crois que pas mal de pays africains y trouveront leur compte et que tous les calculs que les superpuissances l’amérique et l’europe ont fait se retourneront contre eux. A mon avis, ils ont mis leur doigt dans un engrenage duquel ils ne sortiront pas de sitôt. Attends et tu verras, la chine a déjà bousculé tout le monde, n’oublie pas que les Indes se pointent à l’orizon, même si l’europe grande donneuses de leçons pour ce qui est des droits de l’homme, délocalisent leurs entreprises pour aller faire travailler des enfants en Inde qui ont moins de 12 ans, tu vois, quand en france, on parle d’égalité des chances, il faut être très limité pour croire que ces pays du tiers monde sont iméciles à ce point. A mon avis, les débats qui courent de nos jours n’ont rien à avoir avec l’ISLAM que vous n’arrêtez pas de pointer du doigt, je crois plutôt, qu’il est en relation avec un problème socio économique, partagez les ressources qui ne vous appartiennent pas toutes d’ailleurs et vous verrez le faux problème que vous soulevez diasparaître rapidement.
    Mes salutations, saidi

    #219834

    En réponse à : Al i3jazu allughawi!

    Alaa-eddine
    Participant

    je me permet de t’expliquer.

    quand le chien aboie il emet un son qui a un sens . . .

    mais ce n’est pas ton cas, et tu viens encore de le prouver, tu tourne autour du pot, tu ne veux pas admettre ton inferriorité intellectuelle et sociale malgres ton diplome . . . qui te sert à beaucoup de choses apparement (puisque tu passe tes journées sur ce forum à repondre à tout le monde) .

    quand tu parle tu sort des vulgarités, des phrases qui n’ont aucun sens, tel la salive infecte d’un chien : c’est ca ce que ca veux dire TALHATH

    je te rappel pour la N ieme fois que tu n’as encore répondu à aucune question. tout le monde attent ton i3jaz scientifique avec impatiance. warrina 7ennet yeddik.

    mon pauvre tu dois vraiment avoir une vie misérable, sort de ta chambre pour voir le monde. ne reste pas cloisoner entre tes 4 mures et ta télé.
    lève toi de ton lit et arrete de pleurnicher ta misère en insultant les autres, personne ici ne peut t’aider. la solution pour toi c’est de voir un psy je te l’ai deja dis …

    #218789

    En réponse à : الاعجاز العلمي

    Alaa-eddine
    Participant

    je rappel que tu n’a pour l’instant répondu à aucune des questions qui t’ont été posées . . . tout ce que tu fais c’est d’insulter et de te moquer .
    Monsieur qui sait tout…

    j’en conclus M boukhwali que tu es atteind d’un complexe d’inferiorité et de rejet. . .

    et c’est le Dr Alaa-eddine qui te le dis . vas te soigner mon cher .

    #208689
    manara
    Membre

    @merbouh CARINE wrote:

    JE VOUDRAIS SAVOIR CAR JE SUIS AVEC UN HOMME OUDJA ET IL AIT RENTRE DU MAROC AUX MOIS D AOUT ET IL A DEMANDER LE DIVORSE MAIS ENSEMBLE ONT A UNE PETITE FILLE ET LA JE VAIS AVOIR UN AUTRE ENFANT DE LUI PEUT DU ME REPONDRE CAR JE SUIS PERDU MERCI

    direction consulat du Maroc dont depend ton domicile
    va voir un avocat
    la mairie ou vous vous etes mariés
    demande un conseiller juridique et expose en détail ton probleme
    il vont te guider et te donner d’eventuels contacts
    bon courage

15 réponses de 2,206 à 2,220 (sur un total de 2,767)
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