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Les ennemis de l’Islam, les personnes qui ont une maladie au cœur (une foi douteuse) et celles qui les suivent dans leur chemin ont diffamé les versets du Coran qui régulent la question de la polygamie. Allah (exalté soit-Il) dit –ce qui peut être traduit comme : « Il est permis d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent » (1). Ils (les ennemis de la religion) décrivent alors que le Coran a méprisé le statut de la femme et que c’est un retour vers les agissements de la première ignorance !!
Avant d’expliquer la polygamie dans l’Islam et ses objectifs, nous répondons à une importante question qui est : Est-ce l’Islam qui a institué la polygamie, ou bien existait-elle avant l’Islam ? Il est prouvé historiquement que la polygamie est un phénomène que l’humanité a connu depuis la nuit des temps et dans tous les environnements, avant l’Islam :
Dans la Torah et la religion juive : La Torah a permis au juif de se marier plus d’une fois, sans limite de nombre, sauf que le Talmud a fixé la limite à quatre épouses à condition que le mari soit en mesure de subvenir à leurs besoins. En effet, il dit : « Il n’est pas permis à l’homme d’avoir plus que quatre épouses, comme ce qu’a fait Jacob, sauf s’il en a fait le serment lors de son premier mariage. Et ceci est également soumis à la condition de pouvoir assurer leur entretien (2).
Dans La Genèse : Jacob (psl) s’est marié : « (31) fils de Léa .. (24) et les fils de Rachel .. (25) les deux fils de Bilha, la servante de Rachel .. (26) et les deux fils de Zilpa, la servante de Léa… » (3) Il avait alors quatre épouses légitimes en même temps : deux sœurs qui sont Léa et Rachel, ainsi que leurs deux servantes.
Dans Les Nombres : David (psl) avait plusieurs épouses et concubines. Ce fut également le cas pour son fils Salomon (psl) qui en eut mille. De même Abia, roi de Juda, eut quatorze épouses. Gédéon avait soixante-dix enfants, tous issus de lui, car il avait beaucoup de femmes. (31) Sa concubine, qui était à Sichem, lui enfanta un fils qu’il appela Abimélech (5). Cependant, le système de la polygamie fut annulé conformément aux lois civiles avisées par les savants juifs et ratifiées par les assemblées juives. C’est ainsi qu’elles acquirent leur légitimité. L’article 54 du livre des dispositions juridiques des israéliens stipule : « L’homme ne doit pas avoir plus d’une épouse et il doit prêter serment sur cela lors de l’établissement de l’acte du mariage » (6). Ainsi, la base de l’interdiction n’est pas la Torah, mais le serment effectué.
La polygamie dans la Bible et le Christianisme : Le Christianisme a adopté au début ce qui était approuvé par le Judaïsme concernant la polygamie ; et les hommes de l’Eglise ont continué à ne pas s’y opposer jusqu’au dix-septième siècle où l’interdiction a commencé, pour être ensuite décidée en 1750. Leur allégation pour cela – les hommes de la religion – était que cela permettait d’élever leur rang pour qu’ils se consacrent à la prédication et pour que les problèmes des femmes et des enfants ne les éloignent pas de leurs devoirs envers l’Eglise et ses enfants.
L’interdiction a été établie de façon progressive. Au début, ce fut proscrit aux hommes de l’Eglise uniquement. Puis, pour les autres, seul le premier mariage était célébré par une cérémonie religieuse ; et si un chrétien voulait se marier avec une deuxième femme, cela se faisait sans cérémonie religieuse. Ensuite, il fut interdit d’avoir plus d’une épouse avec la permission du concubinage (7). Mais ce dernier fut également interdit en l’an 970 sous l’ordre du Patriarche Ibram Al Sorbani (8).
Ainsi, l’interdiction fut établie avec une législation civile et non divine.. Puis, ils ont appelé au célibat qui fut une exclusivité du Christianisme en dehors des autres religions. Il fut considéré comme une preuve de bonté de l’âme et un principe de la sainteté et de l’élévation dans les degrés de la foi et les rangs de l’Eglise. Ils ont considéré que le désir était un vice et un mal qui ne convenait pas aux Saints !! Quelques justifications de Paul dans sa prédication du célibat étaient : « (32) Je veux que vous soyez sans soucis, le non-marié s’occupe des affaires de Dieu (33) et son objectif est de Le satisfaire, alors que le marié s’occupe des affaires de ce monde et son objectif est de satisfaire sa femme (34). En conséquence, sa préoccupation est divisée. Pour cela, la non-mariée et la célibataire s’occupent des affaires de Dieu et leur objectif est d’être sacrées du corps et de l’âme. » (9)
De cette façon, ils ont perverti les mots de leurs contextes. Leurs idées sont alors devenues destructrices et leurs principes faux et ne peuvent être acceptés par un esprit saint et une nature pure … Car d’où peut venir la progéniture et la multiplication du genre humain sans un mariage légal ? Où iront l’amour, la miséricorde et la sérénité ? Où ira s’éteindre le désir instinctif qu’Allah a mis en l’être humain et pour lequel il a indiqué la juste voie pour le décharger ? Et que deviendra le foyer conjugal qui constitue la forteresse qui protège du glissement dans l’adultère ? Que deviendront l’instinct maternel et l’instinct paternel ?…
La polygamie dans l’Islam :
Allah (exalté soit-Il) a légiféré le mariage pour les être humains : « Allah vous a fait à partir de vous-mêmes des épouses » (10) pour leur rendre hommage, compléter Ses bénédictions sur eux, purifier les cœurs et les corps de l’abomination de la souillure, de l’obscénité et de la décadence ainsi que pour les maintenir dans la chasteté, la vertu, la sérénité, la concorde, la miséricorde et la complétude et la stabilité. Le mariage est le lien le plus profond, le plus fort et le plus permanent qui peut lier deux êtres humains. Il comprend les plus larges satisfactions qui s’échangent entre deux êtres de même âme dans leur nature et dans leur construction, même si leurs fonctions diffèrent entre l’homme et la femme : « C’est Lui qui vous a créés d’un seul être dont il a tiré son épouse, pour qu’il trouve de la tranquillité auprès d’elle » (11). Telle est la vision de l’Islam concernant l’humain et sa fonction maritale dans sa construction. Et ceci est une vision complète et sincère (12).
L’Islam n’a établi ni le célibat ni le monachisme « Allah (exalté soit-Il) nous a remplacé le monachisme par une religion modérée et généreuse » (13). Il a fait du mariage un moyen de sérénité, de purification et de chasteté. Ainsi, le Prophète (bpsl) dit : « Celui qui veut rencontrer Allah en étant pur et immaculé, qu’il se marie avec les femmes libres » (14). Le Prophète (pbsl) dit également : « Le mariage fait partie de ma Sunna – façon de vivre – et celui qui n’applique pas ma Sunna n’est pas de moi. Mariez-vous car je vais élargir les nations avec vous » (15). Il (pbsl) dit aussi : « Que celui d’entre vous qui en est capable se marie, car ceci permet de baisser le regard et de rester chaste » (16). L’Islam a également permis la polygamie en cas de nécessité et de besoin, et nous allons justifier cela à travers les points suivants :
Premièrement :
L’Islam n’a pas inventé la polygamie, mais quand il est venu, il l’a trouvée répandue et bien connue dans tous les environnements, et les Arabes dans l’ère préislamique la pratiquaient à grande échelle sans se lier avec aucune considération.
Deuxièmement :
Comme l’Islam est venu pour organiser les affaires des gens, il était indispensable qu’il interfère pour arranger la question de la polygamie inconditionnelle et empêcher ses dégâts et ses préjudices et pour la limiter, la moraliser et la rendre conforme à l’intérêt général : Allah (exalté soit-Il) dit : « Et si vous craignez de n’être pas justes envers les orphelins,… Il est permis d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent » (17). A la révélation de ce verset, le prophète (pbsl) ordonna ceux qui avaient plus de quatre épouses de n’en garder que quatre et de libérer les autres. Al-Bukhari a rapporté dans son livre « Al-Adab Al-Moufrad » que Ghailan Ibn Salama Athaqafi s’était converti en étant marié à dix femmes, le prophète (pbsl) lui dit alors : « choisis-en quatre » (18). Abou Daoud a rapporté avec sa référence que Omaira Al-Assadi dit : Je me suis converti à l’Islam en ayant huit femmes, j’en ai informé le prophète (pbsl) qui me répondit : « choisis-en quatre » (19). Al-Chafii rapporta dans son ‘Mousnad’ que Naoufal Ben Mo’awiah dit : Je me suis converti à l’Islam en ayant cinq femmes, le prophète (pbsl) me dit alors : « Choisis-en quatre et quitte la cinquième ». Je suis donc allé chez la plus ancienne qui était stérile depuis soixante ans et je l’ai libérée (20). Ainsi l’Islam a restreint la polygamie à quatre alors qu’elle était sans limite ni condition.
Troisièmement :
L’Islam n’a pas laissé le principe de la polygamie dépendre des caprices de l’homme mais il l’a conditionnée par la « justice ». Sinon, la permission donnée est levée. Et il a établi pour cela deux types de justice :
Premier type : La justice obligatoire et nécessaire : Il s’agit de la justice dans le traitement, l’entretien, la fréquentation et l’intimité ainsi que tous les aspects extérieurs, de manière à ce qu’aucune épouse n’en manque ou ne soit privilégiée au détriment de l’autre. Ceci est stipulé dans le noble verset : « mais, si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors une seule ». Et le prophète (pbsl) dit : « Celui qui avait deux femmes et qui n’appliquait pas la justice entre elles, vient le jour du Jugement avec sa moitié tombante » (22). Egalement, Moslim a rapporté que d’après Abd Allah Ibn ‘Amr, le prophète (pbsl) dit : « Les justes seront assis sur des estrades lumineuses à la droite d’Allah (exalté soit-Il), – et ses deux mains sont de droite – ceux qui appliquent la justice dans leurs jugements, dans le traitement de leurs familles, et parmi les personnes qu’ils régissent » (23).
Deuxième type : La justice dans les sentiments : Les sentiments du cœur et les émotions de la dévotion, et c’est une justice qui reste en dehors du contrôle des personnes. Elle n’est donc pas requise pour les êtres humains. Et c’est ce qui est stipulé dans ce verset : « Vous ne pourrez jamais être équitables entre vos femmes, même si vous en êtes soucieux. Ne vous penchez pas tout à fait vers l’une d’elles, au point de laisser l’autre comme en suspens. » (24)
Toutefois, cette justice n’accepte pas l’oppression, car si le cœur tend vers une femme, il est nécessaire d’y laisser un espace pour l’autre afin qu’il ne penche pas entièrement vers l’une et laisse l’autre comme si elle n’était pas mariée ou « en suspens ». Et la mère des croyants, Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle) et épouse du prophète (pbsl) avait une place particulière dans le cœur du prophète (pbsl) et il lui réservait une affection particulière. Le prophète (pbsl) disait : « Ô Allah, ceci est ma répartition dans ce que je possède, alors ne me blâme pas pour ce que Tu possèdes et que je ne possède pas ».
De ce fait, le deuxième verset n’interdit pas la polygamie citée dans le premier, car la justice indiquée dans le premier verset est celle qui est requise – à savoir l’équité matérielle – mais dans le second verset, il est demandé que le cœur ne penche pas complètement car les sentiments des cœurs ne sont pas sous le contrôle de l’être humain mais sont entre deux doigts d’Allah qui les tourne comme Il veut. Pour cela, le prophète (pbsl) disait : « Ô Allah qui retourne les cœurs, scelle mon cœur sur ta religion ». Toutefois, si la personne a peur de ne pas assurer l’équité matérielle en se mariant avec plus d’une épouse, il lui faut s’en tenir à une seule et il ne lui est pas permis de la dépasser : « mais, si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors une seule », puis ce verset précise la raison derrière cela qui est d’éviter l’iniquité et assurer la justice : « Cela, afin de ne pas faire d’injustice (ou afin de ne pas aggraver votre charge de famille). »
Quatrièmement : La sagesse dans la permission de la polygamie avec sa réglementation se caractérise dans ce qui suit – mais Allah (exalté soit-Il) connaît mieux Sa sagesse – :
Cette permission n’est pas dans le but d’assouvir une jouissance animale, ni pour aller d’une femme à l’autre, mais c’est une nécessité qui fait face à une autre nécessité, et une solution qui résout un problème, afin que l’Islam ne reste pas les bras croisés face à ces problèmes et ces nécessités, et ne soit pas incapable d’affronter les aléas de la vie. En effet, la législation d’Allah ne peut être de la sorte.
Supposons qu’on ait deux systèmes – comme mentionné par Dr. Mahmoud Amara – d’un côté un système qui autorise la polygamie, mais qui interdit toutes les autres relations pécheresses entre les deux sexes et frappe d’une main de fer les personnes qui transgressent l’honneur et qui pataugent dans les différentes formes d’adultère. Et d’un autre côté, un système qui interdit la polygamie mais qui autorise les fréquentations et les relations adultérines entre les deux sexes et ne punit aucune transgression dans ce domaine.. Donc, s’il est nécessaire d’autoriser la pluralité, il n’y a pas de système plus vertueux ou meilleur que le premier système qui respecte l’humanité de la femme, ses droits et ses enfants. (27)
L’Islam, dans sa vision de la société – individu ou groupe – a une considération pour l’intérêt général qui est prioritaire par rapport à l’intérêt individuel dans le but de faire bénéficier l’ensemble et d’éviter les débauches destructrices. A la lumière de cela, nous disons : il y a sept cas qui nécessitent la polygamie, qui sont : les cas relatifs à la femme divorcée, veuve, célibataire (vieille fille), stérile, auxquelles sont rajoutés les cas relatifs à la nature de l’homme, les conditions de guerre, et les lois d’Allah (exalté soit-Il) dans l’univers. (28)
Les cas relatifs à la femme sont :
La divorcée, la célibataire (vieille fille) et la veuve sont trois groupes qui affrontent le spectre de la privation et du nombre réduit de personnes qui désirent se marier avec elles. Elles vivent donc une répression et un conflit avec leur instinct naturel et se trouvent alors devant deux choix : ou bien elles font appel aux moyens de séduction et de déviation, ou bien elles se marient avec des hommes mariés, devenant alors la seconde, la troisième ou la quatrième épouse. De ce fait, la polygamie devient logiquement et sagement la solution la plus réaliste et la plus efficace pour les empêcher de tomber dans la dépravation et la déviation.
Dans le cas de la stérilité, avec l’envie naturelle de procréation de la part de l’époux, il se trouve donc face à deux alternatives : il la répudie pour se marier avec une autre femme qui pourra satisfaire son désir naturel de filiation, ou bien épouse une autre tout en la gardant et en fréquentant les deux femmes.
Le deuxième choix reste le plus raisonnable et le plus réaliste par rapport au divorce qui détruit les foyers « et il se peut que la femme stérile puisse trouver une compagnie et une affection avec les enfants de l’autre, se réconciliant ainsi avec sa propre privation » 29 et «Allah crée ce qu’Il veut » (30)
Les cas relatifs à l’homme sont :
Certains hommes ont un désir fort qu’ils ne peuvent contrôler et qu’une femme seule ne peut assouvir. Ceci à cause d’une faiblesse dans le corps de la femme, une maladie incurable, ou bien son âge avancé.. Est-ce que l’homme dans ce cas doit réprimer son désir instinctif ? Ou bien doit-il être libre de recourir à l’adultère ? Ou bien doit-on lui permettre de se marier avec une autre tout en gardant la première ? La troisième solution est celle qui représente la sagesse, la raison et la religion. Elle est également celle qui contente à la fois l’instinct d’un côté et la morale Islamique de l’autre côté. En plus, elle permet de garder la dignité et la compagnie de la première épouse.
Il y a d’autres cas où le nombre de femmes dépasse le nombre d’hommes – notamment en cas de guerre ou d’épidémie… Ces cas sont – comme l’indique Sayid Qotb – des situations de perturbations sociales évidentes. Alors, comment le législateur peut-il y faire face tout en conciliant à la fois la société, l’homme, la femme et l’humanité entière ?.. Il ne peut y avoir qu’une solution parmi trois :
Première solution :
Chaque homme se marie avec une femme, et il restera une ou deux femmes – selon la proportion des hommes par rapport aux femmes – qui ne connaîtront pendant leur vie ni homme ni foyer ni enfant ni famille.
Deuxième solution :
Chaque homme se marie avec une femme qu’il fréquentera maritalement. Et il aura des relations extraconjugales avec d’autres femmes afin qu’elles connaissent un homme dans leur vie mais sans foyer ni enfant ni famille, à part les enfants illégitimes qui souffriront de la honte et de la perte.
Troisième solution :
Chaque homme se marie avec plus d’une femme afin qu’elle ait le rôle d’épouse et obtienne l’assurance du foyer, de la famille et des enfants. Ceci permettra également à l’homme de se libérer de la souillure du délit, de l’anxiété du péché et la torture de la conscience. Enfin, ceci élèvera la société des méfaits du désordre, de l’embrouillage des filiations, et de l’obscénité.
Laquelle de ses solutions convient le plus à l’humanité, à la masculinité et à la dignité de la femme elle-même ? (31)
Et la réponse :
Il est indéniable que la troisième solution s’impose d’elle-même. En effet, la femme n’en est pas uniquement satisfaite de façon libre et volontaire, mais elle l’encourage et le revendique. Les femmes d’Allemagne ont elles-mêmes réclamé la polygamie car nombres d’hommes et de jeunes ont été sacrifiés lors de la deuxième guerre mondiale et parce qu’elles voulaient se prémunir de l’adultère et protéger leurs enfants de l’illégitimité. Ainsi, le Congrès de la Jeunesse Mondiale qui s’était tenu à Munich en Allemagne avait recommandé d’autoriser la polygamie comme solution au problème du nombre important
de femmes par rapport à celui des hommes après la deuxième guerre mondiale. (32)
Cinquièmement :
En régulant la polygamie et en la conditionnant par la « justice », l’Islam ne l’a pas imposée à la femme et ne l’a pas obligé à l’accepter. Au contraire, c’est à elle que revient l’acceptation ou le refus. En effet, la femme – qu’elle soit mariée avant ou pas – a toute la liberté d’accepter ou de refuser celui qui se présente pour la demander en mariage. Son tuteur n’a pas le droit de la forcer à faire ce qu’elle ne veut pas, conformément à ce qu’a dit le prophète (pbsl) : « La mariage n’est valide qu’après l’obtention de l’approbation explicite de la femme, si elle est vierge, et l’approbation implicite si elle s’était déjà mariée auparavant » (33).
Lorsqu’une jeune fille vint se plaindre au prophète (pbsl) à cause de son père qui s’apprêtait à la marier à son cousin en dépit de sa volonté, elle raconta à Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle) : Mon père m’a marié avec mon cousin pour redresser sa lâcheté à mes dépens, alors que ne n’y suis pas favorable. Elle lui répondit : Assieds-toi jusqu’au retour du prophète (pbsl). A son arrivée, elle l’informa de son problème. Le prophète (pbsl) fit appeler le père et l’invita à venir, puis il laissa la fille choisir ce qu’elle veut. Elle dit alors : « Ô Prophète d’Allah, j’ai accepté ce qu’a fait mon père, mais je voulais éduquer les femmes qui allaient venir après moi à propos de cela » (34).
En résumé:
L’Islam a autorisé la polygamie – comme nous l’avons expliqué – comme une solution et une issue en la conditionnant par l’application de la « justice ». En plus, la charia Islamique la considère comme des fenêtres étroites pour des situations exceptionnelles et forcées, et comme un remède pour des cas pathologiques existants, dans l’objectif de protéger l’ensemble de la société. Cependant, la polygamie n’est pas répandue de façon qui pourrait déranger les femmes et inciter ceux qui ont les cœurs malades à utiliser leurs raisonnements et leurs plumes pour diffamer le Coran.
Quelques personnes non-musulmanes éprises de justice ont pensé de façon logique et scientifiquement objective et ne se sont pas penchées vers leurs fantaisies, mais ont exprimé la vérité et l’ont complimentée. Etienne Dinet dit dans son livre « Mohammed, prophète d’Allah » que la théorie de la monogamie qui est adoptée par le Christianisme en surface dissimule en vérité plusieurs désagréments qui ressortent précisément dans trois conséquences concrètes extrêmement dangereuses et néfastes. Ces conséquences sont la prostitution, les filles non mariées et les enfants illégitimes. Ces problèmes sociaux et moralement néfastes n’étaient pas connus dans les pays où la charia Islamique était appliquée de façon complète, mais s’y sont infiltrés et répandus après leur contact avec la civilisation occidentale. (35)
Et ceci est un écrivain anglais – du Journal London Truth – qui déclare : Mon cœur se déchire de chagrin concernant les filles errantes, et ce chagrin reste inutile même s’il est partagé par tout le monde. Il n’y a point de salut pour en finir avec cette situation de souillure qu’en permettant aux hommes de se marier avec plus d’une épouse. Grâce à ce moyen, ce fléau va disparaître et nos filles vont devenir des maîtresses de maison. La pire des calamités serait d’obliger l’homme européen à se limiter à une seule épouse… (36)
C’est ainsi que la société qui ferme les portes au visage de la femme – sous prétexte de liberté et d’assurance des droits – en l’empêchant d’avoir des relations légales, lui embellit par là même le chemin du vice et du désir décadents et la laisse à la portée des autres. Quels sont alors ses droits ? Et quelle dignité veulent-ils pour la femme ? Allah (exalté soit-Il) a raison en disant : « vertueuses et non pas livrées à la débauche ni ayant des amants clandestins » (37) mais il paraît que l’Occident voudrait dire : «Expulsez de votre cité la famille de Lot ! Car ce sont des gens qui affectent la pureté. » (38)
(1) An-Nisâ’ 3
(2) La place de la femme dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, Al-Liwa’ Ahmad Abdul Wahhab, Page 150, Ministère des Affaires Islamiques. Talmud: C’est le second livre dont les juifs disent qu’il comprend les instructions orales de Moïse (psl) et le considèrent à un niveau supérieur à celui de la Torah.
(3) (La Genèse 35:23-26)
(4) (Al-Qozat « Les Juges » 8:3-31) à propos de: La femme dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam de Zaki Abu Adha, page 284-286.
(5) La Position de la femme dans la religion juive par M. Mohammad Ashor, Page 11. Sa référence est : La Pensée Religieuse Israélienne du Dr. Hassan Dada.
(6) Concubinage : prendre une des esclaves comme femme sans établir un contrat de mariage, comme si c’était un droit que l’esclave devait envers son maître.
(7) Référence : La femme dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, par Zaki Abu Adha, page 291-293.
(8) (Corinthiens 7: 32-34) A propos: La femme dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, par Zaki Abu Adha, page 304
(9) An-Nahl 72
(10) Al-A’raf 189
(11) Référence : La femme dans le Saint Coran, par Sayed Qotb, préparé par Ikasha Abdul Mannan, page 19
(12) Raconté par Al-Baihaqi d’après un récit de Saad Bin Abi Waqqas.
(13) Raconté par Ibn Majah dans son livre du Mariage. No. 1862.
(14) Raconté par Ibn Majah dans son livre du Mariage. No. 1846.
(15) Raconté par An-Nassai, No. 2242, et Ahmad dans son « Musnad » (1/58).
(16) An-Nisâ’ 3
(17) Raconté par Al-Bukhari dans son livre « Al-Adab Al-Mufrad », No. 256. Raconté également par Ibn Majah dans son livre du Mariage et par Ahmad dans son « Musnad » (2/13, 14).
(18) Raconté par Abu Dawood, No. 2241, et égalment par Ibn Majah 1952.
(19) Raconté par Al-Shafi’i dans son livre du Mariage, volume 2/19.
(20) An-Nisâ’ 3
(21) Raconté par Al-Nassai, No. 3942 ; Al-Tirmidhi, No. 1141 ; Ibn Majah, No. 1969 ; Al-Darami, No. 2206 ; et Ahmad, No. 8363 et 9740
(22) Raconté par Mûslim dans son livre “Al Imara” No. 1827
(23) An-Nisâ’ 129
(24) Raconté par Abu Dawood, No. 1234; Al-Tirmidhi, No. 1140; Ibn Majah, No. 1969; Al-Nassai No. 647; et Ibn Majah, No. 1971
(25) Référence: Libération de la femme des illusions des gens ignorants, par Dr. Mahmoud Amara, Pages 123 et 124
(26) Référence: Le Saint Coran parle de la femme, par Abdul Rahman Al-Barbari, page 39.
(27) Référence: La femme dans Le Saint Coran, page 85 et 86
(28) Ash-Shura 49
(29) Référence: L’Islam et la Paix Internationale, par Sayed Qotb, page 95-97, Editions Al-Shorouq, version 13, 1422 A.H – 2001 A.D
(30) Référence: La Polygamie et son objectif en Islam, par Dr. Jum’a Al-Kholi, page 4.
(31) Raconté par Al-Bukhâri, No. 5136 ; Mûslim, No. 1419 ; Al-Tirmidhi, No. 1107 ; Al-Nassai, No. 3265 ; Ibn Majah, No. 1811 ; Abu Dawood, No. 2092 ; Al-Darami, No. 2186 et par Ahmad dans son “Musnad”.
(32) Raconté par Abu Dawood, No. 2096 ; Ibn Majah, No. 1874 ; Ahmad dans son “Musnad”, No. 24650 ; et par Al-Baihaqi dans son “As-Sunan”, No. (7/200).
(33) « Mohammed, Prophète d’Allah », Etienne Dinet et Sulaiman Ibrahim, page 395, Traduit par Dr. Abd El-Halim Mahmoud et Mohammad Abd El-Halim, Editions Nahdat Misr, version 2, 1958 A.D
(34) Les Droits de la Femme en Islam, par Rachid Reda, page 75. A propos : La Polygamie et son objectif en Islam, par Dr. Jum’a Al-Kholi.
(35) An-Nisâ’ 25
(36) An-Naml 56, 54Sujet: CANDIDE se marie
Réécriture de la fin du conte : Candide, de Voltaire. Pour les élèves de la deuxième année du baccalauréat.
-1- …Emporté par la colère et excité par les paroles du baron, Candide tira son épée et sans laisser le temps ni à Pangloss ni à Martin ni à Cacambo d’intervenir, il lui perça le ventre. Il retira son épée et la lui enfonça de nouveau dans la bedaine tout en criant : «Mort aux barons ! Mort aux ingrats ! Mort aux jésuites ! » Jamais on ne vit Candide dans cet état de furie. Il paraissait vraiment révolté contre
tout ce qui l’entourait. Il était au paroxysme de la colère. Il se livra alors à un soliloque de délire : « Moi qui n’attendais que ce moment ! J’ai été chassé du château, j’ai été pris et engagé de force dans l’armée bulgare, j’ai fait une guerre qui ne me concernait nullement, j’ai failli être brûlé vif, j’ai failli être rôti et mangé, j’ai quitté le meilleur des mondes qui puisse exister, j’ai été roulé, volé …Toutes ces mésaventures causées par le meilleur coup de pied possible, ce coup de pied du Baron ton père, que j’ai reçu à cause de Cunégonde, et toujours à cause de Cunégonde, toi aussi, tu veux m’empêcher de me marier avec elle ! Et quelle Cunégonde !! vieillie, enlaidie par le temps et l’Espérance, par les viols et les jouissances ! Après tout ce que j’ai fait pour toi, pour elle, pour tout le monde !… ». Ses paroles s’éteignirent, ses sanglots éclatèrent et ses larmes coulèrent. C’était l’être le plus malheureux de la terre, le plus malheureux du pire des mondes possible. Martin, pendant tout ce temps-là, regardait sans aucune expression. Il était sans aucun doute en train de compter les coups que Candide assénait au baron. Cacambo était au chevet de celle dont la beauté s’était fanée. En effet, en voyant Candide dans cet état et surtout lorsqu’elle vit jaillir le sang de son frère qu’elle venait juste de revoir après une longue séparation, Cunégonde tomba évanouie.
La vieille s’en alla chercher de l’eau. Elle criait et se frappait les cuisses, bien qu’au fond d’elle, elle approuvât le geste de Candide. Pangloss, quant à lui, fut indigné du geste de Candide et regardait d’un air effaré la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il avait peur d’être embroché à son tour, c’est pourquoi il n’osa pas s’approcher de lui. Cependant il ne cessa pas de répéter : « Ce n’est pas le Candide que j’avais éduqué selon la philosophie de notre grand maître … Ce n’est pas lui … Lui qui était tout innocence et candeur, ce n’est pas possible !… Est-ce là le meilleur des mondes possible
?!.. Mais oui , je ne dois pas contredire ce que j’ai appris de mon grand maître philosophe !…C’est vrai, ce mal particulier, engendrera sûrement le bien , c’est certain …Ce sera le mariage de Candide et de Cunégonde … Leur amour triomphera …Il a déjà triomphé !…Mais il reste à savoir si Cunégonde veut toujours de Candide, et si Candide y tient toujours !…Je dois passer à la vérification … De toute façon, vérification ou non, c’est toujours le meilleur des mondes !… N’est-ce pas là la meilleure preuve !… ».
(A suivre)
par Mohammed ARJOUNILa Boîte à Merveilles est une œuvre riche en personnages surtout de sexe féminin. Aussi nombreux soient-ils, ils demeurent tous proches les uns des autres par les liens qui les unissent, liens de voisinage ou d’amitié, de rivalités ou de compassions, de circonstances ou d’échanges. Leur vie est régie par les événements quotidiens où se côtoient le réel et le recours aux forces occultes, où les faits semblent, pour le lecteur moderne, des faits sans conséquences et sans profondeurs, des faits d’un jour, d’un moment, sans lendemain et par conséquent éphémères. Mais détrompons-nous, ce sont des faits de société, de civilisation, d’époque. Un parcours de La Boîte à Merveilles laisse entrevoir les dessous de la société marocaine de 1920.
I- Croyances, pratiques magiques, voyances et pèlerinages.
A- la voyante Lalla Kanza.
Le roman s’ouvre par une soirée de transes animée par des gnaouas où se mêlent les sons des crotales et des gambris et les odeurs de benjoins et d’encens dans une atmosphère de fraternité entre le djinn et l’homme, le temps d’une nuit. Tout est dédié au djinn pour chercher son soutien en satisfaisant ses exigences et ses caprices. Les fumées en nuages légers et crémeux montent vers les ténèbres de la nuit, domaine du Malin en attente de parfums nocturnes, les danses des femmes dans des contorsions où les corps sans os se tordent à se rompre, les couleurs vives des vêtements choisis au goût du prince de la nuit, et les youyou des femmes, langage sans code et sans cordes : tout cela pour sceller un pacte d’alliance avec les forces obscures de la nuit, une fois par mois, à Dar Chouafa où les locataires sont les acteurs, les témoins ou les spectateurs du rituel. La Chouafa , femme respectée par crainte, tire sa notoriété et son autorité du rite mensuel pendant lequel elle danse avec le djinn qui le lendemain devient son serviteur et son maître. Les couleurs qu’elle porte lui sont dictées par les djinns qui la hantent et la servent et chacun d’eux a sa propre couleur : « Il lui fallait un nombre important de coudées de satinette noire pour calmer l’humeur du grand génie bienfaisant, le roi Bel Lahmer. Depuis quelque temps, elle sentait aussi un mal sournois, dû à l’action de Lalla Mira. Pour faire cesser le mal, une robe d’un jaune de flamme s’avérait nécessaire. Il y avait bien Sidi Moussa à satisfaire, sa couleur était le bleu roi, mais la robe de l’année dernière pouvait encore servir. » ( page 106)
B- Le voyant Sidi El Arrafi
Autant il est plus simple dans ses pratiques autant la Chouafa est plus exigeante et plus spectaculaire. Il ressemble à un sage, ou à un derviche des temps anciens. Il parle par paraboles comme eux mais avec beaucoup de mystique et de mystère. Son langage est obscur mais validé par des références d’ordre théologique. Il est sincère et honnête dans ses propos et déclare dès le début que malgré le nom de ‘’voyant’’ qu’il porte ou que les gens lui font porter, il n’a rien d’une personne qui sache dévoiler l’avenir car cela relève des affaires de Dieu : « Ne vous attendez pas à ce que je vous dévoile l’avenir. L’avenir appartient à Dieu, l’omnipotent » La sincérité de l’aveugle est loin de semer le doute dans les cœurs des deux femmes, au contraire, elle les rassérène car elles connaissent bien la Chouafa pour être une prétentieuse et’’ une sorcière’’. Les deux Lalla sortent de chez l’aveugle soulagées et légères du fardeau : toutes deux ont le sentiment qu’elles vont bientôt le déposer pour se reposer.
Les paroles du voyant aveugle sont sans équivoque. « La blessure semble profonde, pourtant la guérison est proche » ( page208) dit-il à Lalla Aïcha. Quant à Lalla Zoubida, il lui confie sur le ton de la solennité : « O ma sœur……..Souviens-toi que lorsque quelqu’un fait des vœux pour un absent, l’ange gardien lui répond : Que Dieu te rende la pareille » (page 210)
C – Les pèlerinages des sanctuaires
Le pèlerinage à des lieux saints ou censés l’être est une activité presque exclusivement féminine. La femme a toujours été considérée comme un être faible et fragile. Cette croyance, véhiculée de génération en génération à travers les âges a fini par être admise comme une vérité intrinsèque à la nature de la femme. Elle s’installe en elle et prend habitat de son corps, de sa pensée. La femme elle-même tient cet état comme un fait et s’y plie en s’y résignant.
La femme va donc chercher ce qui lui manque là où il est : les Saints qui servent d’intermédiaires entre elle et Dieu. Elle y cherche secours et force. Elle y cherche protection et soutien. Elle y cherche libération et réconfort et guérison du mal physique ou du mal moral dont le mauvais œil est la cause. « Lalla zoubida, dit Lalla Aïcha, c’est Dieu qui m’envoie pour te secourir, t’indiquer la voie de la guérison, je vous aime, toi et ton fils,…. » (page 22) Lalla Zoubida ne peut pas refuser « Ma mère promit de visiter Sidi Boughaleb et de m’emmener cet après-midi même »(page 22). Arrivées devant le catafalque « chacune lui exposait ses petites misères, frappait du plat de la main le bois du catafalque, gémissait, suppliait, vitupérait contre ses ennemis. »(page 26)
Le voyant aveugle n’a-t-il pas recommandé à Lalla Zoubida de visiter les sanctuaires des Saints, les patrons de la ville ? « Les Saints de Dieu qui veillent sur cette ville t’accordent leur protection. Visite leurs sanctuaires »(page 210) Lalla Zoubida ne se le fait pas répéter deux fois surtout à un moment difficile de sa vie. Elle dresse un calendrier hebdomadaire des visites des Saints « Chaque Santon a son jour de visite particulier : le lundi pour Sidi Ahmed ben Yahïa, le mardi pour Sidi Ali Diab, le mercredi pour Sidi Ali Boughaleb… » (page 214-215)
II- Les fêtes religieuses : la Achoura
La Achoura est vécue comme une fête aussi bien par les grands que par les petits Et chacun la célèbre à se façon. Les enfants se font acheter des habits neufs à l’occasion et des instruments de musique. « …ma mère me passa, à même la peau, ma chemise neuve, craquante d’apprêt. Je mis mon gilet rouge aux dessins compliqués et bien en relief. Ma sacoche en bandoulière, je complétai cet ensemble très élégant par la djellaba blanche qui dormait au fond du coffre de ma mère… » (page 142). Les enfants font usage de leurs instruments de musique dans l’allégresse et la joie du tintamarre qu’ils produisent : « Je m’assis, mis mon tambour par terre sur ses bords, je réussis à coincer ma trompette entre mes genoux. Mes mains manièrent le bâtonnet avec vigueur. Je soufflai de toutes mes forces dans la trompette » (page 139). Les femmes montent sur les terrasses pour faire parler leurs bendirs et derboukas « Le soir, des bouquets de femmes richement vêtues ornaient toutes les terrasses. Des tambourins résonnaient, les chants fusaient de partout. » (page 150).
L’aspect religieux de la Achoura se manifeste dans la mise à neuf du Msid : Il est passé à la chaux, lavé à grande eau et éclairée de mille feux. Le sol est recouvert de nattes neuves. Chacun y a apporté sa contribution en fonction des moyens de la famille, mais à la mosquée, rien n’est refusé. L’embellissement du Msid pour le jour de la Achoura cède la place pour La Achoura elle-même que les apprentis fkihs célèbrent avec leur maître « Ce matin, les objets les plus ordinaires, les êtres les plus déshérités mêlaient leurs voix aux nôtres, éprouvaient la même ferveur,s’abandonnaient à la même extase, clamaient avec la même gravité que nous,la grandeur et la miséricorde de Dieu, créateur de toutes choses vivantes ….Les parents de certains élèves psalmodiaient avec nous….il célébraient la Achoura au Msid comme au temps de leur enfance » (page 144)
III- Les menues activités quotidiennes
Dar Chouafa est un espace clos que doivent partager avec équité les locataires qui sont au nombre de quatre familles : au rez-de-chaussée, la Chouafa ; au premier étage, Rahma, son mari et leur fille Zineb ; au second étage, Fatma Bziouya et son mari d’un côté, de l’autre Lalla Zoubida, son mari et leur fils Sidi Mohammed. Comme il n’y a qu’une porte d’entrée principale, une seule cour, un seul puits et une seule terrasse, chaque famille doit les utiliser à tour de rôle, un jour de la semaine. Cela n’empêche pas les disputes car certaines d’entre elles veulent utiliser l’espace à leur profit un autre jour que le leur, ce qui déclenche des disputes violentes « …Rahma eut l’idée néfaste de faire sa lessive un lundi. Il était établi que ce jour-là appartenait exclusivement à ma mère. »( page 14) S’ensuit une dispute verbale des plus violentes où chaque femme donne libre cours à son registre, mais en cela Lalla Zoubida est une championne « Je sais qui tu es, une mendiante d’entre les mendiantes, une domestique d’entre les domestiques, une va-nu- pieds, crottée et pouilleuse, une lécheuse de plats qui ne mange jamais à sa faim … » (page16).
Le lecteur ne peut ne pas remarquer le code de l’utilisation par les hommes de la porte d’entrée. L’utilisateur de la porte commune doit annoncer son passage pour donner aux femmes le temps de rentrer dans leurs chambres afin de ne pas être vues par les hommes, fussent-ils les locataires eux-mêmes comme Maâlem Abdeslam, Driss le fabricant de charrues ou Allal le mari de Fatma Bziouya. « – N’y a-t-il personne, puis-je passer ?….-Passe, Maâlem Abdeselam… » (page 246).
La cour est propriété commune et tout un chacun peut l’utiliser surtout pendant les circonstances exceptionnelles imprévues : fêtes, mariages, circoncisions, ou simple réception d’invités le temps d’un déjeuner comme ce fut le cas du repas offert aux aveugles « Le jeudi suivant, Rahma pour remercier Dieu de lui avoir rendu sa fille, organisa un repas pour les pauvres. Toutes les femmes de la maison lui prêtèrent leur concours. Lalla Kanza, la Chouafa, aidée de Fatouma la plus dévouée et la plus fidèle de ses disciples, lavèrent le rez-de-chaussée à grande eau, étendirent par terre des tapis usés » (page 50-51). Toutefois la Chouafa, elle, l’utilise de manière régulière « …elle s’offrait, une fois par mois, une séance de musique et de danses nègres » (page 4)
IV- La femme au foyer
Le rôle de la femme est de s’occuper de l’intérieur de chez-elle, souvent composé d’une seule chambre ou deux d’une maison commune comme Dar Chouafa ou celle où habitent Lalla Aïcha ou encore Sidi El Arrafi. Les femmes passent le plus long de leur temps à cuisiner ou à attendre leurs maris absents pendant la journée de la maison et se trouvant dans leurs ateliers ; à papoter sur les terrasses des choses qui relèvent de l’univers des femmes ; à faire la lessive ou le ménage. Les rares fois où il leur arrive de quitter leurs chambres c’est pour aller à la kissariat, au bain ou pour rendre visite à une amie comme cela arrive à Lalla Zoubida. Mais elles sont souvent accompagnées par leurs maris ou de l’un de leurs enfants.
Le mari absent pour un certain temps, toute la vie de la famille se trouve affectée et bouleversée par ce vide laissé comme si tout a été réglé d’avance, par un commun accord , sur un acte notarié pour que tout gravite autour de l’homme. Pourtant, les femmes jouissaient de leur liberté, et le lecteur n’a aucunement le sentiment qu’elles manquaient de quelque droit : le droit d’abord de dire et le droit de faire ensuite. Au contraire, les hommes sont souvent absents de leurs maisons laissant les femmes libres de leurs mouvements, de leurs déplacements ;Lalla Zoubida règne en maîtresse dans sa maison : il lui arrivait de tenir tête à son mari : l’achat de la lampe à pétrole, la refus de porter les bracelets d’or, les scènes de la dispute avec Rahma et l’impuissance du mari à la faire taire…
V- Les hommes et leurs activités
L’histoire se passe à Fès aux environs de 1920. Fès c’est aussi le berceau de l’artisanat et des petits métiers. Si le roman consacre une grande place à l’artisanat marocain, il n’accorde que peu d’espace à la présence masculine. La scène du salon de coiffure est sans aucun doute l’unique scène purement masculine et qui s’étale sur une dizaine de lignes.
Babouchiers, tisserands, fourniers, jardiniers, moissonneurs saisonniers, coiffeurs, dellals ou courtiers, chouafas, voyants, masseuses, marieuses, conteurs, pour ne citer que ceux-là et j’en passe. Mais deux métiers méritent que l’on s’attarde un peu sur eux : celui de tisserand et de coiffeur.
Maâlem Abdeslam est tisserand de djellabas pour hommes. Comme les djellabas ne se portent que pendant l’hiver, il a l’idée de se convertir dans la confection des haïks pour femmes : en effet, les femmes ne peuvent sortir de chez-elles sans s’être enveloppées dans leurs haïks. Maâlem Abdeslam suit donc la tendance et comme la tendance est plutôt féminine, il opte pour le vêtement de la femme, obéissant ainsi au principe de l’offre et de la demande.
Si abderrahman est, lui, coiffeur, mais il exerce d’autres activités parallèles au métier de coiffeur. Il pratique la saignée « Si Abderrahman retira les ventouses, alla les vider derrière un rideau. Sur la nuque du client paraissaient deux boursouflures sanguinolentes » (page 136) ; et la médecine traditionnelle « Demande aux gens de ta maison de faire frire dans du beurre un oignon blanc finement haché. Mélange à cet oignon frit deux cuillérées de miel, de l’anis et des grains de sésame… » ( page131) ; il circoncit les petits garçons « Je n’aimais pas Si Abderrahman. Je savais qu’il serait chargé de me circoncire. Je redoutais ce jour » (page 129), on fait appel à ses services pendant les fêtes « Il vint, selon l’usage, accompagné de ses deux apprentis, placer les invités et faire le service pendant le repas » (page 129) ; c’est un homme à donner des conseils « …mon père eut recours à ses soins et fait grand cas de ses avis et recommandations » (page 129)
Le salon de coiffure est un lieu de rencontre où l’on ne vient pas seulement pour se faire raser, mais également pour s’informer ou faire circuler une nouvelle. La nouvelle du moment gravite autour d’un éventuel remariage de Moulay Larbi attendu que sa femme est stérile « Ce qui m’étonne, c’est qu’il n’a point d’enfants. Peut-être a-t-il une femme trop âgée ? »( page 132)
VI- L’auteur témoin de son temps
L’auteur, a-t-on toujours dit, est le témoin de son époque. Les faits qu’il relate sont de nature à nous renseigner sur son temps. Ils ont donc une valeur documentaire. Un exemple frappant ne peut passer inaperçu pour l’œil attentif du lecteur : Il s’agit de la lampe à pétrole, de son introduction dans les foyers à une époque où les gens s’éclaireraient à la chandelle. Cette invention fait son apparition avec l’entrée de l’occupant français : elle est perçue à l’époque comme un signe de modernité « O ! Merveille ! Au centre du mur, une lampe à pétrole était accrochée. Une flamme blanche et paisible dansait imperceptiblement dans un verre en forme de clarinette. Une glace, placée derrière, intensifiait la lumière ; nous étions, ma mère et moi, complètement éblouis »(page 42)Ce passage me rappelle un autre qui lui est similaire sur trois points : il parle d’une lampe à pétrole ; il est tiré d’une autobiographie ; il est situé presque à la même époque « …mon père considérait cette lampe comme le dernier mot de la technique, il est vrai qu’elle donnait une vive lumière, en même temps qu’une violente odeur moderne »( La Gloire de mon Père- Marcel Pagnol- Pages 68,69, Editions de Fallois).
Les lecteurs de l’époque moderne, surtout les jeunes d’entre eux, sont sans doute insensibles à la richesse ethnographique de la Boîte à Merveilles. Traditions, mœurs, pratiques situées entre le religieux et le profane, entre l’obscur et le rationnel, entre l’archaïque et le moderne constituent le quotidien du Marocain de l’époque que raconte l’œuvre de Séfrioui. Le lecteur est redevable à cet auteur de lui avoir fait revivre cette époque , racontée dans un langage plus proche de l’arabe dialectale que du français.
-Les numéros des pages renvoient à l’édition ’’Librairie des Ecoles- Casablanca’’
envoyé par le proffesseur Taib ZAID