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Sujet: Les enfants de la misere
Marrakech : les enfants de la misère envahissent les rues
LE MONDE | 10.06.06 | 15h00 • Mis à jour le 10.06.06 | 15h00
MARRAKECH ENVOYÉE SPÉCIALElle a trois mois et boit son biberon toute seule, couchée dans son lit à barreau. On a coincé le flacon entre les pattes d’un ours en peluche posé sur sa poitrine. Comment faire autrement ? Il n’y a dans cet orphelinat, cet après-midi-là, que trois assistantes maternelles pour 72 nourrissons. Les jeunes femmes travaillent dix-huit heures par jour et, malgré leur fatigue, se montrent efficaces et patientes.
Mouna est l’une des rares petites filles recueillies par cette crèche de la Ligue marocaine pour la protection de l’enfance, à Marrakech. On compte en moyenne dans l’établissement une fille pour neuf garçons. On n’abandonne pas une petite fille, au Maroc. C’est une denrée précieuse. Une fille, c’est utile et c’est docile. On pourra toujours la faire travailler comme « petite bonne ».
Les garçons, eux, sont légion. Amine, quatre mois, a été retrouvé en pleine rue, enfermé dans un sac plastique, au bord de l’asphyxie. Fouad, six ans, a été « oublié » par sa mère, il y a six mois, sur la place Jemma El Fna, au milieu des touristes et des charmeurs de serpents. Quant à Soukaïna, deux ans, elle a été vendue à deux reprises par sa mère, pour 500 dirhams (50 euros).
Au Maroc, les enfants de la misère ne se comptent plus. Le pouvoir est conscient du problème. Il a décrété le 12 juin « journée nationale de lutte contre le travail des enfants ». Mais par quel bout aborder un dossier aussi vaste ? Enfants non scolarisés. Enfants « sniffeurs » de colle. Enfants exploités sexuellement…
Combien sont-ils à travailler, entre sept et quinze ans ? Il est difficile de le savoir, 90 % des petits marocains entrent dans le cycle primaire, mais plus de la moitié abandonnent l’école avant le secondaire. Environ 600 000 jeunes de moins de 18 ans sont hors du système scolaire (sur une population de 30 millions). Les uns atterrissent dans la rue ou dans des ateliers d’artisanat, les autres dans des familles bourgeoises, comme petites domestiques.
A Marrakech, – première destination touristique du Maroc – on parle davantage du problème des enfants dans la rue que des enfants des rues. Ici, à l’inverse de Casablanca, les jeunes en situation précaire disposent, la plupart du temps, d’un semblant de famille – une mère célibataire et analphabète le plus souvent – et d’un toit. Mais, à l’exode rural, au chômage, à l’éclatement familial en augmentation vertigineuse, s’ajoutent les problèmes liés au tourisme. La mendicité est le premier d’entre eux, bien plus que la pédérastie, dénoncée par les médias.
En ce début de matinée, les touristes sont rares sur la place Jemma El Fna. Les enfants-mendiants aussi. Ils n’arriveront que vers 14 heures, après avoir dormi. Tandis que leurs mères dessineront des arabesques au henné sur la paume des passantes, ils vendront des Kleenex, des sacs plastiques, ou se contenteront de tendre la main. Quand ils iront se coucher, vers minuit, ils auront récolté quelque 200 dirhams, soit 6 000 dirhams mensuels, alors que le smic est à 2 000 dirhams.
« C’est dur, dans ces conditions, de convaincre les mères d’envoyer leurs enfants à l’école. Elles me disent toutes : « mais avec quoi vais-je les nourrir s’ils cessent de me rapporter de l’argent ? L’urgence, ce n’est pas de mettre mon fils à l’école, c’est de me trouver un travail ! » », raconte Karima M’kika, jeune fondatrice et directrice d’Al Karam, association qui se consacre aux enfants en détresse.
Pour comprendre le problème des enfants au travail, il faut « dépasser les clichés que l’on a en Occident », souligne Fouad Chafiqi, universitaire spécialiste des sciences de l’éducation et consultant de l’Unicef. Beaucoup de ruraux voient « comme une bénédiction », explique-t-il, le fait que leurs fils et filles soient engagés comme apprentis ou « petites bonnes » peu après leur arrivée à Marrakech. De leur côté, les employeurs ne sont pas loin de penser qu’ils « font le bien » en sauvant ces enfants du vagabondage.
Au fin fond de la médina, du côté du souk des tanneurs, Khalid, jeune éducateur de rue employé par Al Karam, semble découragé. « La sensibilisation et l’éducation ne suffisent pas. La vraie solution est économique. Il faudrait des programmes de réinsertion sociale », soupire-t-il. Khalid s’inquiète d’un phénomène en plein essor : « les parents fugueurs ». De plus en plus de mères viennent lui dire : « Je n’en peux plus. Débrouillez-vous avec mes enfants, moi, je renonce ! » Et elles partent pour une autre ville.
Soumis aux pressions internationales pour réduire les dépenses publiques, le pouvoir marocain semble hésiter sur la conduite à tenir. On lui reproche souvent de privilégier les apparences. Les initiatives, il est vrai, ne manquent pas : coup d’envoi, en juin 2005, d’un ambitieux programme, « Le Maroc digne de ses enfants » ; préparation d’une loi réglementant le travail domestique ; signature, le 6 mai, d’un accord de partenariat entre l’Unicef et la willaya de Marrakech, etc.
Sur le terrain, se plaignent de ne pas obtenir de budget dès qu’elles s’écartent du « spectaculaire ». « Un « généreux donateur » est venu proposé un centre exclusivement consacré aux enfants abusés sexuellement !, raconte, d’un air las, la responsable d’une association d’aide à l’enfance. Nous manquons d’éducateurs et de travailleurs sociaux. Personne ne veut prendre en charge leurs salaires. Or nos urgences sont là, dans l’invisible. »
Florence Beaugé
Article paru dans l’édition du 11.06.06Sujet: ELGUERROUJ tire sa révérence
Hicham el-Guerrouj tire sa révérence (Marianne 26/05/2006)
La star du demi-fond marocain, idole de tout un peuple, met un terme à sa carrière, riche en records et en titres internationaux.
« Salut l’artiste ! ». C’est ce que l’on a coutume de dire lorsqu’un immense champion, qui a fait rêver des millions de fans, quitte la compétition. Hicham el-Guerrouj est de ceux-là. Après dix années d’une carrière bien remplie, l’athlète marocain, âgé de 32 ans, spécialiste du 1500, puis du 5000 mètres, vient d’annoncer sa retraite sportive.
« Je n’ai aucune envie ou raison de poursuivre la compétition. Je (l’)abandonne pour consacrer plus de temps à ma famille et me concentrer sur mes affaires », a-t-il annoncé lors d’une conférence de presse à Casablanca. Et c’est tout un peuple qui s’est levé, d’un seul homme, pour rendre hommage au « TGV » d’Ifrane, dont la silhouette longiligne et les foulées pleines de grâce font désormais partie de la légende de l’athlétisme. Et quelle légende !
L’homme aux quatre titres de champion du monde, entre 1997 et 2000, n’avait-il pas réinventé le 1500 mètres : un sprint lancé dès la moitié de la course, qui laissait la plupart du temps ses adversaires sur place. Et puis, il y a les records : celui qui avait aligné la bagatelle de 50 victoires d’affilée en 98 courses, était descendu 33 fois en dessous des 3’30 sur le 1500 ! Avec en prime le record du monde de la spécialité en 3’26’. Un chrono de rêve qui reste encore un sommet inaccessible pour bien des spécialistes du demi-fond. Sans oublier sa carrière olympique, qui, de malchance en malédictions, s’acheva en apothéose aux derniers Jeux d’Athènes, avec deux médailles d’or, sur le 1500 et le 5000 m.
Et le concert de louanges qui entoure cette comète de la piste n’est pas que de circonstance. En plus d’être un énorme champion et un monstre de modestie, le natif de Berkane dans le Rif oriental avait du cœur, lui qui avait fondé une association, « Beni Snassen », pour promouvoir le sport, l’éducation et la culture dans sa région natale. Il s’était également opposé fermement aux actes terroristes qui avaient ensanglanté Casablanca (en mai 2003), en apparaissant à la télévision, vêtu d’une tenue traditionnelle, pour rappeler au monde que les amalgames sur l’islam n’avaient pas lieu d’être.
Hicham El Guerrouj avait commencé à briller dans les stades en mettant un terme au règne de son rival algérien, le grand Noureddine Morceli. Mais personne n’a réussi à l’enterrer, lui, sur la piste. On cherche en vain qui, aujourd’hui, aura les reins (et les jambes) assez solides pour lui succéder.
Le 25/05/2006 à 7 h 00 – par Skander Houidi
© Copyright Marianne
P.S. Pour les curieux, le nom de famille » ELGUERROUJ » dérive de Tamazight. En effet, on dit :
Agerruj ( lire Aguerrouj), et au féminin, on dit : Tagerrujt ( lire thaguerroujth). Ce mot signifie « le trésor » et par extension les boîtiers où on cache les bijoux.
La demande d’un visa Schengen relève du parcours du combattant. Queues interminables, nuits blanches et stress sont le calvaire pour les personnes désirant se rendre en Europe. Pour en finir avec ces situations «humiliantes», les services consulaires innovent. Après l’Espagne (cf. -www.leconomiste.com), c’est au tour de la France de mettre en place une nouvelle organisation du service des visas.
Désormais, il faudra passer par l’internet -histoire d’être à la page- pour effectuer sa demande. Ainsi, il faudra prendre rendez-vous via le site web du consulat -www.consulfrance-ma.org.Le nouveau système concerne les demandes de visas touristiques dont les candidatures constituent environ 60% des dossiers présentés au consulat. En clair, les intéressés devront choisir sur le site Internet une date de rendez-vous parmi celles proposées. Mais attention! Le visa pour la France n’est plus une affaire de deux jours. La demande doit être faite longtemps à l’avance. Gilles Bienvenu, consul général, explique qu’il s’agit de «rompre avec cette habitude de dépôt de dossier au dernier moment». Avec le risque d’un dossier traité «à la va-vite» et refusé pour «mauvaise évaluation». La procédure d’obtention de visa a été repensée en préparation à la saison estivale où le nombre de demandes passe du simple au double, soit environ 400 candidatures quotidiennes à 800. Un rush qui se répercute par des files d’attente sans fin.
La nouvelle formule de rendez-vous devrait être opérationnelle dès la fin du mois de juin. Sa mise en place n’attend que l’installation du logiciel de gestion électronique.
La question se pose cependant quant à l’adaptabilité d’un tel système à la population marocaine. Celle-ci connaît toujours une faible connectivité et des connaissances en informatique encore réduites. Mais pour les responsables français, «il n’est plus question de recevoir des gens comme cela». Ils expliquent que des solutions spécifiques pourront être trouvées pour des cas particuliers.
A signaler que certaines catégories de dossiers continueront à bénéficier de traitement de faveur et de procédure facilitée. Il s’agit notamment des chefs d’entreprises, des membres d’organismes rattachés à la Chambre de commerce ainsi que les candidatures à l’obtention de visas long séjour, pour études notamment.Pour le moment, la présence physique n’est pas exigée notamment pour les personnes représentées par un courtier dûment habilité, pour les voyages de groupes ou pour les demandes familiales.
Cela risque de changer avec l’instauration prochaine des visas biométriques dans tous les consulats des Etats de l’espace Schengen.De 35 à 60 euros
L’automne prochain sera chaud avec la flambée des tarifs des visas Schengen. De 35 euros (385 DH) à 60 euros (660 DH). L’augmentation est justifiée par l’instauration prochaine des visas biométriques dont la réalisation nécessite des équipements et outils de travail plus coûteux.
La mesure concerne tous les pays de l’ensemble Schengen et devait entrer en vigueur dès cet été.L’échéance a aujourd’hui été repoussée au début de l’année 2007.
Parmi les majeures conséquences de ce changement, la nécessité de la présence physique du postulant qui devra déposer ses empreintes digitales (comme pour les visas US). Des mesures encore plus compliquées qui porteront peut-être à la hausse le taux de refus des visas déjà assez important. Au consulat français, il est de 38% environ.Ichrak Moubsit
Source : L’Economiste