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L’émission Studio 2M mais tout simplement la chaine 2M ne fait pas parti de mes télés préférées. Je poste cet article juste pour mettre en exergue le comportement des deux boites « magiques » marocaines vis-àvis de la culture Amazighe. Une culture qu’elles réservent qu’au folklore pour accueillir les touristes européens où leur faire apprécier la cuisine amazighe « couscous », « tajine », « thé à la menthe »….etc
A. Bouzandag : ma mésaventure avec Studio 2M

Lahsen Oulhadj
Une télévision qui fait dans le racisme et l’exclusion, il n’y a plus que les crédules que cela étonne. Quoique nos officiels n’arrêtent pas de ressasser que, enfin, l’amazighité, dans ses différentes expressions, y aura de droit de cité, il faut dire que ce n’est pas le cas. Toujours ce terrible hiatus entre le discours et la réalité, pourrait-on dire.
Abdellah Bouzandag chanteur du groupe Tafsut Music Band l’a vécu, à ses dépens. Sans se faire d’illusions, il a voulu, comme tous les jeunes du pays, participer à l’émission Studio 2M. C’est son droit le plus absolu. Mais manque de bol, il chante en tamazight. Ce que, comme vous pouvez l’imaginer, est loin d’être du goût des responsables de l’émission. Cela peut même être rédhibitoire, une véritable tare. Il nous raconte sa mésaventure en ces termes.
« Le 12 juin dernier, je me pointe au lieu de la compétition. En voulant compléter le formulaire http://www.2m.tv/studio2m2006/st2006.pdf , j’ai été surpris d’avoir juste deux choix : chanson arabe ou chanson occidentale. Même pas marocaine ! Il faut le croire. J’ai donc décidé de ne pas cocher ni l’une ni l’autre. Lors de l’entretien, on m’a bien évidemment demandé dans quel genre je veux chanter. Ma réponse a été claire et nette : la chanson amazighe. Les responsables n’en revenaient tout simplement pas. Comme si j’ai commis un crime. Avec leurs mines complètement défaites, ils ont marqué la chanson arabe, malgré mes protestations. »
« Lors du premier tour, continue-t-il, j’ai interprété ‘’a vava inu va’’, a capella. Et même si je n’en croyais pas mes yeux, j’ai été sélectionné. Au tour suivant, j’ai été interviewé par un de leurs journalistes qui a voulu savoir pour quelle raison je chante en »chlha ». Incroyable, absurde, n’est-ce pas ? Réponse du berger à la bergère, je lui ai fait toute une réplique, mais en tamazight. Je ne sais pas si cela va être diffusé, mais en tous cas tout a été filmé. Toujours est-il que ce jour-là, pour certainement me froisser, j’ai été le dernier à passer. Le jury était composé entre autres d’Anas Tadili et du chanteur Malek. Je ne sais pas si c’est vraiment sincère, mais celui-ci s’est montré très enthousiaste et a joué toute une partition sur la qualité des participations. Il a même commencé son intervention par un « azul » bien perceptible.»
« A la fin, conclut A. Bouzandag, et comme je m’y attendais un peu, le résultat était ainsi : huit personnes ont été sélectionnées pour la chanson arabe ( à Agadir, une ville prétendument amazighe !!) et deux pour la chanson occidentale. Je ne figurais pas naturellement parmi elles, car j’ai été tout simplement écarté. Ce que je n’ai pas accepté. J’ai donc voulu protester auprès du jury, mais on ne m’a pas laissé faire. L’un des responsables de l’émission, ayant remarqué mon sentiment d’injustice, m’a avoué qu’en tous les cas je ne pouvais pas passer au 3ème tour parce aucune musique amazighe n’y est programmée. Car, semble-t-il, la liste des chansons à interpréter par les candidats a été déjà bouclée. Aussi surprenant que celui puisse être, ce sont les responsables de l’émission qui décident de tout et effectivement- c’est le cas de le dire- ils ont décidé encore une fois d’exclure la chanson amazighe sur une télévision financée avec l’argent des Amazighs. »
Groupe Tafsut (printemps) : http://www.tafsut.fr.tc/
Sujet: la honte
La honte
Par Nadia Yassine, 12-06-2006
L’ampleur du scandale de la fuite des sujets du baccalauréat est une catastrophe nationale qui n’a d’égale que celle des dégâts perpétrés par l’ajustement structurel sur l’éducation nationale précisément. Au pillage international, puisque la dette est un mécanisme de transfert des richesses internationales du Sud vers le Nord, s’ajoute le pillage national.
Notre pays est non seulement pillé matériellement par ceux qui nous gouvernent, mais il est aussi sujet à un massacre dans sa dignité et dans ses forces vives. Dans « l’horreur économique », Viviane Forrester disait combien le chiffre, quelque éloquent qu’il soit, ne peut exprimer la vérité d’une souffrance insupportable, la douleur d’un cœur brisé, le drame d’une famille en deuil…
Le décalage entre les slogans creux et les vérités amères se fait de plus en plus grand, et dans ce fossé, chaque jour tombe une jeunesse désespérée, des espoirs assassinés, des intelligences tuées dans l’œuf, des volontés disséquées, des avenirs condamnés.
Saint-Just faisant écho à Jacques Roux disait : « la liberté ne peut s’exercer que par des hommes à l’abri du besoin. »
Il est vain d’énumérer les besoins matériaux des marocains ; un marocain dans le besoin est un euphémisme dans la plupart des cas.Mais le besoin le plus évident et le plus urgent qu’ont les marocains pour apprécier la liberté, c’est celui de se libérer de ce pouvoir qui n’a plus de politique que celle d’exacerber les besoins du peuple pour le profit d’une certaine classe.
Le peuple marocain est dans un grand besoin; le besoin de se ressourcer, le besoin d’être respecté, le besoin d’espérer, le besoin d’être tout simplement…Car le peuple marocain n’est pas, il n’est qu’un troupeau que la makhzenocratie manipule à volonté et méprise sans vergogne.Désormais, toute la politique du Makhzen, c’est créer de faux besoins afin de faire diversion par rapport aux vrais. Jongler avec les besoins est tout un art. Il le fait dans l’impunité la plus totale, protégé par une constitution archaïque et entretenu par un état de corruption avancée.
Jean Ziegler , cet empêcheur de penser en rond , spécialiste de cette Suisse qui lave plus blanc, sévit et témoigne dans un excellent ouvrage intitulé « l’empire de la honte » (fayard 2005, p 44) :
« A Genève, j’ai un ami, un ancien banquier privé qui est devenu gestionnaire de fortunes individuel. Il travaille surtout avec le Maroc. Parmi ses clients de longue date figure une personnalité qui, depuis plus de vingt ans lui apporte tous les ans environ un million de dollars en liquide, en vue d’un investissement en Occident. Mon ami est révolté par cet état de fait mais n’en continue pas moins à faire son métier. Il est père de famille et comme il me le dit avec raison : « si je romps avec ce client, il n’en cessera pas pour autant de piller son pays ; il changera simplement de gestionnaire. »Combien va déposer dans les banques suisses celui qui a vendu le bac cette année et celui de l’année dernière et celui de l’année à venir si rien n’arrête cette malédiction ? Et tout ceux qui pillent à droite et à gauche ( de droite et de gauche dans l’alternance ) le peuple marocain dans le besoin et de plus en plus…Ceux qui pillent à la petite semaine, ceux qui pillent en gros ?
Pleure ô mon pays bien aimé !!! Pleure et roule-toi dans la cendre si toutefois on te laisse assez de cendres pour t’y rouler, car même la cendre pourrait être convoitée par les rapaces de tout genre qui se disputent ce qui reste de tes richesses.
Le Makhzen est une corruption en soi, et le scandale du baccalauréat ainsi que les autres scandales qui ont éclaté ne sont que la partie visible d’un iceberg effrayant et fatal. La déchéance est totale, et quelle loi, quelle réforme peuvent garantir le changement si une force morale n’intervient pas dans ce processus de déliquescence totale ?
On pourra lifter la constitution, maquiller la moudawana, réformer le parlement, opter pour le tout sécuritaire ; si l’esprit des lois n’est pas soutenu par une certaine morale et des principes enracinés par l’éducation , rien n’y fera : nous coulerons tous.
L’envolée d’une nation ne réside-t-elle pas d’abord et avant tout dans sa force morale ?
Benjamin Franklin coauteur de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis se vit interpellé par le jeune Danton : « Le monde n’est qu’injustice et misère. Où est la sanction ? Votre déclaration n’a, pour se faire respecter, aucun pouvoir, ni judiciaire ni militaire… »
Benjamin Franklin lui répondit, sûr de lui : « Erreur !! Derrière cette déclaration, il est un pouvoir considérable, éternel ; le pouvoir de la honte. »
Benjamin Franklin voulait dire que dans chaque être humain qui se respecte, il y a une part irréductible qui l’empêche de faire des choses reconnues comme universellement honteuses : comme plumer ses concitoyens , les réprimer sans cause , les avilir , les appauvrir etc …L’intériorité étant la caractéristique de toute société humaine.
Au Maroc, même la honte n’a plus aucun pouvoir. Elle a été neutralisée comme tout pouvoir ayant la possibilité d’en arrêter un autre. A chaque fois que quelqu’un voudra réveiller ce pouvoir, il sera neutralisé à son tout, voire massacré. Un adage marocain dit « dahra lhchouma 3la wjeh trah ». Littéralement cela veut dire que celui qui vit dans la chaleur infernale d’un four ne peut rougir de honte. Dans une traduction plus simple : Celui qui ne sort pas du four est….cuit…
Bloqués depuis peu dans la région de Berkane, les harragas subsahariens survivent grâce à l’aide des habitants. Les rapports entre les deux populations sont particulièrement cordiaux, malgré quelques petits heurts et malentendus quotidiens.

Arrivé du Cameroun, après un périple à travers le Niger et l’Algérie, Youssef est venu tenter de forcer la lucarne de l’Europe : Melilia. Mais, depuis la destruction du camp de Subsahariens de Gourougou en février 2005, près du préside espagnol, il s’est replié comme beaucoup de ses compagnons d’infortune dans les bois près de Berkane. Refoulé régulièrement à la frontière algérienne par les autorités marocaines, réexpédié illico presto à la frontière marocaine par les autorités algériennes, Youssef se pensait simplement en transit à Berkane. Il y est depuis sept mois, en escale permanente. “Les seuls contacts que nous avions avec la population locale, c’étaient les gendarmes ou des paysans qui nous donnaient à manger quand on retournait tenter notre chance à Melilia”.
Berkani d’adoption
Depuis, Youssef est devenu Berkani malgré lui, il descend régulièrement en ville pour mendier et préfère attendre le moment propice pour y tenter de nouveau sa chance car le climat y est plus tolérant : “A Berkane, aucun commerçant ne refuse de nous servir contrairement à Nador” raconte-t-il. Dans ce refus, entrent pour une bonne part les pressions exercées par les autorités sur les commerçants pour qu’ils ne vendent rien aux Subsahariens. Cependant, ces pressions ne semblent pas encore avoir prise à Douar Halouma à quelques kilomètres de Berkane. Sur ce morceau bâti de campagne, sans route goudronnée, où vivent des “immigrés” de Taza et Beni Mellal, Ahmed a appris deux ou trois rudiments d’anglais à force de servir les anglophones d’Afrique noire qui vivent dans un camp, dans la forêt qui surplombe le village en béton.Souvent à court d’argent, les Subsahariens survivent aussi grâce à la générosité des villageois. “Ils viennent frapper aux portes des habitants, la nuit, pour qu’on les aide” explique Ahmed. La cohabitation entre les deux communautés se passe sans heurts, même si le commis d’Ahmed s’inquiète de la dernière rumeur qui circule. Un employé de banque aurait été tué par un Subsaharien. “L’homme est tombé dans un canal d’irrigation et s’est noyé”, doit lui expliquer Najib Bachiri, président de l’association Homme et environnement qui assiste les Subsahariens à Berkane. “Il y a de plus en plus de rumeurs de cannibalisme, d’agressions ou de meurtres qui sévissent dans la province de Nador mais elles ne rencontrent pas encore d’écho à Berkane”, estime ce dernier. “Le racisme n’est pas le fait des gens simples et ordinaires dans la région, mais plutôt celui des gens dits ‘cultivés’”, ajoute Najib Bachiri qui a vu une responsable d’association accuser “ces nègres d’avoir mangé les singes de la forêt” (sic). “Depuis que nous sommes plus nombreux, le climat a changé”, constate pour sa part Fabrice, un compatriote de Youssef, totalement désenchanté : “Nous n’avons pas le droit de travailler, juste celui de mendier. Les gens ici sont généreux, mais un jour ils en auront marre de donner”, ajoute-t-il. Les Berkanis se sont habitués à rencontrer les Subsahariens, le mardi jour du souk ou le vendredi, jour de la prière. “A Oujda ou Nador je suis obligé de donner un prénom musulman pour bénéficier de l’aumône. A Berkane, ce n’est pas utile”, explique Fabrice. “Les gens, pour ne pas avoir d’ennui avec les autorités, ne les emploient plus. Alors qu’il y a quelques années, beaucoup travaillaient dans les champs autour de Berkane et les chantiers de construction pour payer leur voyage” raconte Najib Charafi.
Des commerçants solidaires
John, un Libérien de 20 ans qui fréquente un camp près de Fezouane, un petit village à une dizaine de kilomètres de Berkane, est l’un des rares à avoir trouvé un emploi dans un hôtel du village. De courte durée : deux jours alors qu’il est au Maroc depuis cinq ans. Descendu au village pour trouver à manger, il attend un compatriote parti en ville : “Il a emprunté une mobylette à un habitant du village”. L’un de leurs points de chute est le snack Chouaïb où le patron est connu pour servir des sandwichs gratuitement. Mais aussi la boulangerie Essalam où Amine a l’habitude de donner une vingtaine de pains aux abir sabil (enfants du voyage, comme il préfère les appeler) qui fréquentent la rue commerçante. “Ils évitent de se regrouper à plus de deux pour ne pas attirer l’attention et font très attention à leur tenue vestimentaire”, raconte Amine. Certains comme Youssef se sont même fait des amis. Ainsi, ce Camerounais est devenu l’avant-centre d’une équipe de quartier de Berkane et fait des merveilles chaque samedi sur le terrain. Chez Fabrice, depuis huit mois à Berkane, l’impression est plus nuancée : “Il arrive que les enfants nous jettent des pierres”, même s’il admet que les rapports avec la majorité de la population de Berkane sont cordiaux comme avec ce coiffeur qui lui coupe gratuitement les cheveux. Certains migrants laissent même en dépôt leur argent liquide chez certains commerçants de confiance pour ne pas se le faire voler S. Youssef et Fabrice attendent la Coupe du monde pour tenter un nouveau passage, comptant sur un relâchement des policiers marocains et espagnols distraits par les matchs de foot. Najib Charafi ne semble pas trop y croire : “La forteresse Europe a décrété que la tolérance n’avait qu’une seule couleur : elle est blonde aux yeux bleus” constate très philosophe ce dernier. En attendant, Berkane, la “noire” en Berbère, découvre la cohabitation avec une nouvelle population bien partie pour rester au Maroc…Hassan Hamdani
Source: TelQuel